Équipement agricole
Les équipementiers agricoles du Québec ont le savoir-faire et la main-d’oeuvre qualifiée. Ils offrent une production locale et de qualité. Qu’est-ce qui explique donc l’hésitation des acheteurs?
L’équipement agricole pensé, dessiné et fabriqué au Québec se développe de plus en plus. Bien qu’il ne soit pas prédominant sur le marché, il mérite d’être considéré, estiment des spécialistes du milieu, d’autant plus que des fabricants de chez nous, ingénieux et inventifs, se démènent pour offrir des outils de travail adaptés à la réalité agricole d’ici.
Le consultant Laurent Letzter, qui aide des entreprises d’ici et de l’étranger à percer le marché canadien, lance un appel au monde rural : les producteurs, donne-t-il à entendre, devraient mieux soutenir les fabricants québécois d’équipement agricole pour assurer la croissance de cette filière.
Le problème, selon celui qui préside la firme Ag-xess et qui oeuvre dans l’industrie de l’équipement agricole depuis 15 ans, c’est que bon nombre de consommateurs font affaire avec des compagnies étrangères parce qu’ils croient que leurs produits sont de meilleure qualité. « On a encore la conception que parce que c’est allemand, c’est supérieur, note M. Letzter. C’est vrai que ce sont de bons produits, mais le Québec en conçoit d’excellents aussi. »
D’ailleurs, si les entreprises allemandes, françaises et italiennes sont si fortes et jouissent d’une aussi bonne réputation, c’est que les agriculteurs de ces pays sont fiers d’acheter des machines fabriquées localement, aux dires du consultant. « Ça permet de développer un écosystème d’experts dans ces pays et ça bénéficie à toute l’industrie agricole », soutient M. Letzter.
Il estime par ailleurs que le marché de la fabrication d’équipement agricole est loin d’être saturé. « Le Québec a un climat particulier et des techniques agricoles différentes, dit-il. Il y a un créneau à exploiter pour les entreprises d’ici. Il y a même de la place pour beaucoup plus de fabricants d’équipement agricole. »
Des choix difficiles
Lorsque vient le temps de prendre une décision, l’achat local n’est pourtant pas toujours le premier critère.
Pour réussir à pratiquer des grandes cultures sur de nombreux hectares et à élever 450 000 poulets par année, les propriétaires de la Ferme Conrad Berard, située à Saint-Barthélemy dans Lanaudière, doivent constamment renouveler leur équipement. « C’est certain qu’on veut encourager les compagnies québécoises parce que ça crée de l’emploi ici, mais une ferme, c’est comme n’importe quelle business et on doit prendre les meilleures décisions d’affaires », explique le copropriétaire de l’exploitation, Steven Bérard.
La ferme de M. Bérard possède plusieurs équipements fabriqués par des entreprises du Québec. Elle a parfois besoin de produits qui sont presque exclusivement fabriqués dans la province, par exemple un panier ou une lame de nivelage. « Ce sont des produits de grande qualité et on est très contents de les avoir », note-t-il.
Il précise néanmoins que, bien souvent, les modèles des grandes entreprises multinationales ont une meilleure valeur de revente que ceux produits par des compagnies d’ici. « On sait qu’en achetant un modèle plus connu, on pourra le revendre éventuellement à un producteur du reste du Canada ou des États-Unis, indique M. Bérard. Ce n’est pas nécessairement le cas pour l’équipement produit chez nous. »
Meilleure promotion
Qu’à cela ne tienne. Le consultant Laurent Letzter plaide pour une meilleure promotion du « made in Québec ».
« On n’est peut-être pas assez informés, lance-t-il. Il y a un gros travail de valorisation à faire. » L’industrie de l’équipement agricole québécoise n’a pas besoin de chercher bien loin pour trouver des arguments de promotion, selon lui. « Les producteurs de lait sont contents que les consommateurs boivent du lait d’ici, fait-il valoir. Il faut jouer la même carte pour l’équipement conçu au Québec. »