La Terre de chez nous

Les gaz de silo, un bilan alourdi

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

21 août 2019

Le bilan des morts causées par les gaz de silo s’est malheureus­ement alourdi en 2019. En Estrie, le producteur Nicholas Lanciaux, âgé de 33 ans, est devenu en juillet la 10e victime en 15 ans. Son père Gilles Lanciaux a exprimé de profonds regrets quelques semaines après la tragédie. « On a tellement peu de jeunes bons agriculteu­rs, s’il faut qu’on les perdre comme ça! [...] Nicholas, c’était mon fils, mon partenaire de travail pis mon chum », avait-il confié à La Terre, la voix cassée.

Au cours du même été et dans la même région, un autre producteur, Serge Tremblay, a été sauvé in extremis après avoir été intoxiqué par ces mêmes gaz mortels. Il a été plongé pendant 13 jours dans un coma artificiel avant de pouvoir raconter la 2e chance que la vie lui avait accordée. « Des cas comme moi, les médecins n’ont à peu près jamais vu ça. […] Les gens qui respirent ça [les gaz de silo] y passent », avait-il confié.

Il existe cependant tout un lot de victimes « invisibles », dont des producteur­s qui ont avoué, lors des funéraille­s de Nicholas Lanciaux, avoir subi eux aussi les effets d’une intoxicati­on. Interpellé par cet enjeu de sécurité au travail, le producteur ovin Marie-Antoine Roy a par ailleurs organisé un atelier sur

11 septembre

l’équipement de prévention. Cela faisait plusieurs mois que l’éleveur se demandait comment aider à empêcher d’autres vies d’être fauchées. Pour guider sa réflexion, M. Roy dit avoir affiché au-dessus de son foyer le dossier intitulé Neuf morts, c’est assez!, publié dans La Terre de chez nous en novembre 2018.

Deux grandes causes d’intoxicati­ons aux gaz de silo ont été décelées. D’abord, le fait que ventiler les lieux ne suffit pas. Il faut avoir une procédure complète en espace clos, a rappelé à plus d’une reprise la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Ensuite, les mauvaises habitudes de travail et la rapidité d’exécution. « On ne prend pas le temps de réfléchir à ce qu’on fait. Moi, j’ai toujours fait ça de même et il n’est rien arrivé. Il va falloir changer nos habitudes […] et y penser à deux fois avant de poser des gestes », avait confié Serge Tremblay, rescapé des gaz de silo.

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Serge Tremblay a été plongé pendant 13 jours dans un coma artificiel.
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