Les gaz de silo, un bilan alourdi
21 août 2019
Le bilan des morts causées par les gaz de silo s’est malheureusement alourdi en 2019. En Estrie, le producteur Nicholas Lanciaux, âgé de 33 ans, est devenu en juillet la 10e victime en 15 ans. Son père Gilles Lanciaux a exprimé de profonds regrets quelques semaines après la tragédie. « On a tellement peu de jeunes bons agriculteurs, s’il faut qu’on les perdre comme ça! [...] Nicholas, c’était mon fils, mon partenaire de travail pis mon chum », avait-il confié à La Terre, la voix cassée.
Au cours du même été et dans la même région, un autre producteur, Serge Tremblay, a été sauvé in extremis après avoir été intoxiqué par ces mêmes gaz mortels. Il a été plongé pendant 13 jours dans un coma artificiel avant de pouvoir raconter la 2e chance que la vie lui avait accordée. « Des cas comme moi, les médecins n’ont à peu près jamais vu ça. […] Les gens qui respirent ça [les gaz de silo] y passent », avait-il confié.
Il existe cependant tout un lot de victimes « invisibles », dont des producteurs qui ont avoué, lors des funérailles de Nicholas Lanciaux, avoir subi eux aussi les effets d’une intoxication. Interpellé par cet enjeu de sécurité au travail, le producteur ovin Marie-Antoine Roy a par ailleurs organisé un atelier sur
11 septembre
l’équipement de prévention. Cela faisait plusieurs mois que l’éleveur se demandait comment aider à empêcher d’autres vies d’être fauchées. Pour guider sa réflexion, M. Roy dit avoir affiché au-dessus de son foyer le dossier intitulé Neuf morts, c’est assez!, publié dans La Terre de chez nous en novembre 2018.
Deux grandes causes d’intoxications aux gaz de silo ont été décelées. D’abord, le fait que ventiler les lieux ne suffit pas. Il faut avoir une procédure complète en espace clos, a rappelé à plus d’une reprise la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Ensuite, les mauvaises habitudes de travail et la rapidité d’exécution. « On ne prend pas le temps de réfléchir à ce qu’on fait. Moi, j’ai toujours fait ça de même et il n’est rien arrivé. Il va falloir changer nos habitudes […] et y penser à deux fois avant de poser des gestes », avait confié Serge Tremblay, rescapé des gaz de silo.