Une année en dents de scie pour la production laitière caprine
L’année 2019 a été riche en émotions pour les producteurs de lait de chèvre du Québec. Si ces derniers ont réussi à améliorer la qualité du lait, ils n’ont pu honorer la totalité des contrats des acheteurs. En fin d’année, Agropur a annoncé la fermeture de son usine de transformation laitière Damafro à Saint-Damase en Montérégie, mais de plus petits transformateurs ont mis la main à la pâte afin d’aider les producteurs.
Pénurie de lait
L’insécurité provoquée par la réticence des acheteurs à s’engager dans les deux dernières années a causé de l’incertitude chez les producteurs. En 2019, neuf d’entre eux ont quitté la production et plusieurs autres ont envoyé des bêtes à l’encan pour réduire la taille de leur troupeau. Conséquemment, ils n’ont pu fournir que 7,3 millions de litres de lait sur les 10 millions promis aux acheteurs.
Agropur
En 2019, la coopérative laitière Agropur a reporté à deux reprises la fermeture de son usine de SaintDamase avant d’annoncer qu’elle mettrait définitivement un terme à ses activités en mars 2020. Si la coopérative transformait 25 % du lait de chèvre de la province en 2018, Christian Dubé, président des Producteurs de lait de chèvre du Québec, assure que les quantités livrées par les éleveurs ont grandement diminué devant la menace de fermeture imminente. Quatre d’entre eux ont décidé de ne pas attendre la fermeture pour agir. Ils ont emboîté le pas à Sophie Girouard et Dominic Brie et ont commencé à livrer leur production, en totalité ou en partie, au Vermont.
Par ailleurs, de plus petits transformateurs ont décidé de prêter main-forte aux éleveurs laitiers caprins. Ainsi, la Fromagerie L’Ancêtre et la Fromagerie du Presbytère ont développé des produits de lait de chèvre.
Pas d’agence de vente
Les acheteurs ont renouvelé les contrats à hauteur de 7 millions de litres de lait pour 2020. « C’est quand même relativement équilibré présentement entre ce qu’on a comme commandes et le lait qui a été livré en réalité dans la dernière année », disait Christian Dubé lors d’une séance d’information en octobre. Rappelons par ailleurs que le prix du lait négocié connaît une baisse de 5 % par rapport à 2018.
Dans ce contexte, le nombre de producteurs et les volumes produits étaient trop faibles pour que le projet de mise en place d’une agence de vente continue à être soutenu. Celui-ci a été abandonné après deux années de travail préparatoire.
Nouvelle convention
La prochaine mouture de la convention de mise en marché du lait de chèvre est sur la table, mais les négociations avec les acheteurs ne sont pas simples. Christian Dubé a expliqué en séance d’information que ces derniers ne négociaient plus avec des propriétaires d’entreprises, mais avec des patrons de multinationales. « Ça fait trois fois qu’on propose des textes aux acheteurs. On pense qu’on s’est entendus et à la dernière minute les procureurs [les modifient] », a-t-il déploré.