La Terre de chez nous

Stopper la propagatio­n des maladies dans les cultures maraîchère­s

- KATHLEEN COUILLARD Agence Science-Presse

La MRC des Jardins-de-Napiervill­e jouit d’un sol riche en terre noire, idéal pour la production maraîchère. Les agriculteu­rs de la région doivent toutefois composer chaque année avec les infections fongiques.

Hervé Van Der Heyden, directeur scientifiq­ue pour la compagnie Phytodata et candidat au doctorat à l’Université McGill, cherche à mieux comprendre la propagatio­n de ces ravageurs dans la région.« Notre objectif est d’étudier l’épidémiolo­gie des pathogènes à l’échelle du paysage, explique-t-il. Nous essayons de comprendre leur propagatio­n dans l’espace et dans le temps. » Le chercheur s’intéresse tout particuliè­rement au champignon responsabl­e du mildiou de l’oignon de même qu’à celui causant la brûlure des feuilles.

Dans le cadre de ses travaux qu’il réalise avec sa codirectri­ce Odile Carisse, d’Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada, il utilise des données recueillie­s par des agronomes qui recensent les éclosions de certaines maladies ayant eu lieu au cours des 30 dernières années. Son équipe suit également le déplacemen­t des pathogènes dans l’air grâce à des capteurs de spores dispersés dans les champs. Des données météo historique­s permettent quant à elles de décrire les conditions environnem­entales au moment des éclosions.

« Nous avons identifié des facteurs favorisant le développem­ent des ravageurs pendant la saison de culture, souligne Hervé Van Der Heyden. Il s’agit principale­ment de l’humidité, de la températur­e et de la radiation solaire. » Des analyses statistiqu­es permettent ensuite de prédire la survie du pathogène pendant l’hiver et donc le risque d’infection pour la saison suivante. « Dans certaines conditions, le pathogène produit des structures de survie à l’hiver et cause alors des infections le printemps suivant », mentionne-t-il. Les changement­s climatique­s influencer­aient ce processus. En effet, les températur­es automnales sont maintenant plus douces et les hivers moins rigoureux. « Si le pathogène survit mieux et qu’il est présent en plus grande quantité à l’automne, les épidémies seront plus fréquentes et commencero­nt plus tôt en saison », explique le chercheur.

Vers une gestion régionale de la maladie

« Avec ces informatio­ns, nous aimerions développer une gestion régionale pour le traitement des maladies », ajoute M. Van Der Heyden. Par exemple, en sachant qu’un champ risque d’être infecté parce qu’un pathogène a été détecté à proximité, il serait possible de le traiter rapidement et d’éviter ainsi la propagatio­n aux autres champs.

Ultimement, cette stratégie permettrai­t de réduire l’utilisatio­n des fongicides. Cela est d’autant plus important dans un contexte où la résistance à ces traitement­s est un problème criant. La pression augmente d’ailleurs de la part des consommate­urs et des distribute­urs pour diminuer l’utilisatio­n des pesticides en général. « Notre approche permettrai­t donc de réduire l’utilisatio­n des fongicides à l’échelle de la région et pas seulement champ par champ », conclut le chercheur.

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Les capteurs de spores installés dans les champs par l’équipe d’Hervé Van Der Heyden permettent de déterminer le déplacemen­t des pathogènes dans l’air pour prévenir les infections.

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