Grandes fermes plus productives
« Ces fermes se sont positionnées de façon plus marquée au cours des dernières années et sont prêtes à produire encore plus de lait. »
– Luc Gagné, conseiller en gestion
Au cours de la dernière décennie, la productivité des fermes laitières s’est accrue et les aptitudes en gestion des producteurs se sont améliorées. C’est notamment le cas d’un groupe de 46 fermes laitières dont l’évolution a été scrutée à la loupe depuis 2009. Les résultats de cette analyse ont été présentés au dernier Rendez-vous d’expertise sur les fermes de 100 vaches et plus, qui s’est tenu du 10 au 12 décembre. L’événement célébrait cette année son 10e anniversaire.
En 10 ans, les entreprises de l’échantillon ont fait des gains d’efficacité concernant l’âge au premier vêlage, la marge lait par vache, la quantité de lait produite par kilo de concentrés ainsi que les kilogrammes de gras produits par animal. Elles ont aussi réussi à produire plus de lait par vache avec sensiblement la même main-d’oeuvre, précise le conseiller en gestion Luc Gagné. Ce dernier a compilé toute l’information des 46 fermes avec la collaboration de Ginette Moreau.
En matière d’acquisition de quota, M. Gagné note un avant et un après 2014. « Plus de 20 % de quota a été émis durant ces dernières années sans que les fermes aient à le payer. C’est selon moi ce qui a fait une grande différence dans nos campagnes », estime l’agronome.
Investissements et dettes
Depuis ce temps, les investissements en infrastructures ont d’ailleurs connu un boom sans pareil. Entre 2009 et 2018, la quarantaine de fermes a vu ses actifs totaux plus que doubler, passant de 8 M$ à près de 18 M$. Bien que les dettes aient augmenté, l’avoir net s’est accru de 4 %. « Attention toutefois à la capacité de payer la dette », avertit le conseiller. Pour la seule année 2018, le solde résiduel aurait pu être coupé de moitié avec seulement 1 % de plus en intérêt payé. De plus, en 10 ans, la dette par vache a bondi de 11 350 $.
D’autre part, la productivité des fermes ne passe pas que par des investissements, rappelle M. Gagné. « Il faut se questionner sur la productivité de nos investissements à venir avant d’ajouter de nouveaux paiements. »
L’importance de la prévoyance
Au cours des dernières années, les producteurs ont bénéficié de conditions d’emprunt avantageuses, mais le vent pourrait tourner s’ils ne prennent pas les moyens pour faire produire leurs derniers investissements, souligne le conseiller en gestion. « La marge de manoeuvre plus faible et plus incertaine, le prix du lait plus difficile à prévoir et les conditions climatiques changeantes sont tous des facteurs qui me poussent à dire que les dirigeants d’entreprise devront être plus aux aguets, plus prévoyants, plus près de leurs finances que jamais. La gestion d’entreprise sera très importante pour assurer la continuité et la pérennité de nos fermes », conclut Luc Gagné.