Les ministres de l’Agriculture pleins de bonne volonté
La ministre fédérale de l’Agriculture, MarieClaude Bibeau, et ses homologues provinciaux ne parviennent pas à s’entendre pour rétablir le seuil d’intervention du programme Agri-stabilité à 15 % de baisse de la marge des entreprises, comme le réclament des agriculteurs de partout au pays.
Agri-stabilité offre aux producteurs une aide en cas de diminution importante de leur revenu. À l’heure actuelle, le programme n’intervient qu’en cas de baisse de 30 % de leur marge.
Les producteurs demandent depuis longtemps le retour d’Agri-stabilité à son niveau de couverture d’avant les coupes de près de 400 M$ en 2013. De cette façon, le programme interviendrait après une chute de 15 % du revenu par rapport à la moyenne historique, et non de 30 % comme c’est le cas actuellement.
Interrogée à la sortie de sa rencontre avec ses homologues provinciaux, le 17 décembre, la ministre Bibeau a dit estimer qu’un tel changement coûterait plus de 300 M$ par an. Pour sa part, le ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne, a souligné « que des changements sans des investissements additionnels aux programmes pancanadiens de gestion des risques de l’entreprise ne permettraient pas d’atteindre cet objectif souhaité par les agriculteurs ».
Pour l’instant, le fédéral poursuit son analyse. Les fonctionnaires devraient livrer le fruit de leur réflexion d’ici avril. Ces propositions seront discutées lors de la rencontre des ministres canadiens de l’Agriculture en juillet 2020. « La prochaine fois que nous nous rencontrerons, nous serons en mesure de prendre une décision », a promis Mme Bibeau.
Lors de leur rencontre, les ministres ont toutefois accepté de ne pas pénaliser les participants à Agri-stabilité qui cotisent à une assurance privée. Ils ont aussi convenu de lancer un projet pilote d’allègement du fardeau administratif.
D’autres consultations
Agri-stabilité suscite la réflexion depuis longtemps. En 2016, Daniel-Mercier Gouin, professeur à l’Université Laval, indiquait dans une analyse que « l’intervention canadienne en matière de soutien à l’agriculture s’éloigne de plus en plus du soutien pour se rapprocher encore davantage d’une logique de stabilisation des revenus, et encore uniquement en cas de perturbations majeures des revenus ».
Une évaluation d’Agriculture et Agroalimentaire Canada concluait ensuite en mars 2017 que « la diminution du taux de participation et de la couverture du programme Agri-stabilité expose l’industrie à davantage de risques et accroît la demande potentielle pour du soutien ponctuel ».