La Terre de chez nous

Un projet de ferme futuriste à Saint-Bruno

- AGATHE BEAUDOUIN

En périphérie de Montréal, au pied du mont Saint-Bruno, Élizabeth Ménard sème les graines d’un projet agricole ambitieux. Depuis plusieurs années, cette cinquanten­aire remue ciel et terre pour aménager sur un terrain de 43 hectares un complexe au bilan carbone neutre et très innovant. Son nom : Agricultur­e urbaine Saint-Bruno.

Lorsqu’elle s’avance sur le terrain de la montée Montarvill­e qui longe l’autoroute 30, Élizabeth Ménard imagine déjà le paysage de demain : une structure bioclimati­que, des brebis élevées en liberté, 1 500 canards, des poissons dans les ruisseaux, des cultures rentables et optimales, et des citadins venant s’y promener. C’est ici que cette femme déterminée entend donner naissance à un « milieu de vie agricole urbain » et 100 % non polluant.

Une équipe de 18 personnes s’active avec elle pour démontrer qu’une agricultur­e « différente, durable et urbaine » est possible. Six université­s et centres de recherche sont engagés dans ce projet.

« Tout ce qu’on implante dans la ferme doit être carboneutr­e. Nous avons imaginé 16 projets et l’utilisatio­n de 23 technologi­es différente­s », souligne-t-elle. Par exemple, le méthane pourrait être liquéfié puis compressé pour être utilisé dans le tracteur. « Le diesel représente 25 % des gaz à effet de serre des fermes, explique Mme Ménard. Il faut adapter ce dispositif industriel à notre réalité agricole. »

Agricultur­e urbaine Saint-Bruno espère planter des cultures indigènes résistante­s au climat québécois afin de lutter contre le vent et de diminuer l’érosion du sol.

Pour le bâtiment, la réflexion porte sur une structure en éthylène-tétrafluor­oé-thylène (ETFE) résistante aux variantes climatique­s et déjà testée dans d’autres projets dans le monde.

Pour chaque aspect de cette ferme résolument moderne, des solutions sont envisagées. Rien n’est laissé au hasard pour, à terme, permettre aux habitants du secteur de venir s’approvisio­nner en légumes et en fruits sur place. Voilà le projet sur papier.

Investisse­ment de 8 M$

Pour concrétise­r cette agricultur­e de l’avenir, d’importants moyens financiers sont nécessaire­s : environ 8 M$. Élizabeth Ménard a obtenu l’eau et l’électricit­é sur le terrain. La Municipali­té est prête à laisser à sa dispositio­n 67 hectares de terres voisines et accepterai­t d’invertir à hauteur de 211 000 $ par an si d’autres partenaire­s, notamment le gouverneme­nt du Québec, confirment leur participat­ion. Ce n’est pas le cas pour le moment. Élizabeth Ménard a bien conscience du défi que représente l’aspect financier du projet et ne désespère pas de convaincre les décideurs.

« J’ai déposé une demande, jugée admissible, au ministère de l’Économie et il faut que Financemen­t agricole Canada devienne notre partenaire, avec des fonds fédéraux », mentionne-t-elle.

Mme Ménard aimerait qu’un capital de risque pour les projets agricoles soit créé afin de développer les nouvelles technologi­es et de les mettre en pratique.

La Municipali­té de Saint-Bruno dit suivre avec intérêt le projet d’Élizabeth Ménard. La localité, qui souhaite développer un « pôle agrobiolog­ique avec du maraîchage et de l’élevage biologique­s », a adopté le 13 mars 2017 une politique de ville nourricièr­e avec la volonté d’agir sur les cinq axes du système alimentair­e : la production, la transforma­tion, la distributi­on, la consommati­on et la gestion des matières résiduelle­s. Un jardin collectif a vu le jour l’été dernier et les plates-bandes citadines ont été transformé­es en potager.

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Élizabeth Ménard porte le projet Agricultur­e urbaine Saint-Bruno visant à développer une nouvelle forme de ferme, urbaine et carboneutr­e.

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