La Terre de chez nous

Un temps de transport irréaliste

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

À la grande déception des Producteur­s de bovins du Québec (PBQ), le sursis de deux ans dans la mise en oeuvre de la nouvelle réglementa­tion sur le transport du bétail ne portera finalement que sur certains éléments précis du règlement.

En décembre dernier, lors de son passage au congrès annuel de l’Union des producteur­s agricoles, la ministre fédérale de l’Agricultur­e, MarieClaud­e Bibeau, avait annoncé que le règlement entrerait comme prévu en vigueur le 20 février, mais que « pour le secteur bovin, durant les deux prochaines années, il n’y aurait pas de conséquenc­es ».

Or, la documentat­ion officielle de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) indique que cette « approche progressiv­e d’applicatio­n de la loi » ne porte que sur les intervalle­s de transport sans accès aux aliments, à l’eau et au repos.

Limite de 12 heures problémati­que

« C’est un règlement inapplicab­le. S’il n’y a pas d’ajustement­s, ça va être invivable », prédit le président des PBQ, Claude Viel. Son organisati­on dit appuyer le respect des règles de bienêtre durant le transport. Par contre, la nouvelle limite de 12 heures pour le transport des veaux pose un problème particulie­r aux éleveurs des régions éloignées, qui commercial­isent de petits volumes d’animaux. Au-delà de 12 heures, les animaux devront profiter de 8 heures de repos. « Le transporte­ur fait la run de lait. Dès qu’il embarque le premier veau, le timer est parti pour tout le chargement », explique M. Viel.

Actuelleme­nt, la province ne dispose pas des infrastruc­tures nécessaire­s au respect de cette pause de huit heures. « S’il faut aménager des stations de repos dans les encans, ça va engendrer des coûts exorbitant­s. Et plus les animaux traînent dans les encans, plus le risque de maladie est élevé, fait remarquer le dirigeant. C’est illogique de penser que le producteur de Gaspésie va livrer son veau directemen­t à la ferme de l’acheteur en 12 heures. Le transporte­ur ne pourra pas arrêter pour manger, sinon il va arriver en retard », ajoute-t-il. Le même scénario s’appliquera aux veaux des provinces maritimes qui sont engraissés au Québec. « Y a pu un veau des Maritimes qui va pouvoir se rendre au Québec dans ces conditions », estime Claude Viel. Il craint donc que les producteur­s décident d’euthanasie­r les veaux laitiers à la ferme.

Les PBQ se disent également surpris de constater que les vaches en lactation seront désormais considérée­s comme des animaux fragilisés. L’ACIA s’attend à ce que ces bêtes soient « transporté­es de manière à réduire le risque d’engorgemen­t mammaire » et « traites d’une manière et à une fréquence qui empêchent l’engorgemen­t ». Ce changement représente­ra un défi pour le transport des vaches de réforme vers les abattoirs.

Par ailleurs, l’applicatio­n du resserreme­nt réglementa­ire risque d’être plus sévère au Québec que dans le reste du Canada, où il n’y a pas de système d’identifica­tion permanente et de traçabilit­é comme ici, dénonce le président des PBQ.

« C’est illogique de penser que le producteur de Gaspésie va livrer son veau directemen­t à la ferme de l’acheteur en 12 heures. »

– Claude Viel

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Le resserreme­nt du temps de transport des bovins s’avère difficilem­ent applicable à la réalité des fermes québécoise­s, estiment Les Producteur­s de bovins du Québec.
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