Une étonnante couverture végétale
C’est en mélangeant accidentellement des semences de sarrasin et de pois 4010 que l’agronome Guillaume Cloutier, de la ferme Delfland, a découvert son « mélange coup de coeur » de couverture végétale sur ses terres noires.
« Le pois monte en s’attachant au sarrasin, et lorsque le sarrasin meurt avec le premier gel, le pois continue de pousser », confiait-il lors d’une conférence qu’il prononçait dans le cadre des Journées horticoles et Grandes cultures de Saint-Rémi, en décembre.
L’agronome teste depuis cinq ans différents mélanges de plantes de couverture dans les parcelles de la ferme de Napierville, en Montérégie, avec pour objectif de trouver ceux qui lui permettront de couvrir le sol tout au long de l’automne afin de combattre l’érosion, les maladies et la compaction du sol.
Si l’utilisation des couvertures végétales permanentes a déjà quelques adeptes en grandes cultures, beaucoup de travail reste à faire dans le secteur maraîcher, estime M. Cloutier. Pour dissiper ce brouillard, le producteur y est allé d’essais et d’erreurs, cherchant à distinguer les meilleurs ratios de semences à utiliser dans ses mélanges en plus d’établir le meilleur calendrier de semis à suivre.
Ce travail a amené Delfland à investir plus de 34 000 $ en 2019 pour couvrir avec des engrais verts plus de 90 % de ses terres (1 089 acres sur un total de 1 200). « Ça réduit presque à zéro la quantité de terre perdue lors du dégel et des épisodes de vent », souligne-t-il avec fierté, ajoutant que son sol est par la même occasion devenu « extrêmement productif et résilient ».
Des mythes à déboulonner
M. Cloutier a profité de l’occasion pour déboulonner une série de mythes concernant les couvertures végétales permanentes en horticulture, notamment celui voulant que le fait de semer dans les résidus de couvert végétal pouvait être complexe. Or, selon lui, ce n’est pas le cas. « Il faut bien choisir les espèces qu’on sème, c’est tout », dit-il, précisant que les graminées sont à utiliser le moins possible parce qu’elles nuisent aux semis lorsqu’elles poussent trop longtemps.
Selon lui, les résidus de couvertures végétales ne retardent pas non plus le réchauffement du sol une fois le printemps arrivé. « Il m’est arrivé une fois en six ans de ne pas pouvoir entrer dans le champ », a-t-il affirmé, ajoutant que les résidus d’engrais verts avaient tendance à retenir la neige, et donc, à créer un isolant qui diminue le gel au sol.
Finalement, il dit avoir remarqué que l’utilisation successive de différentes variétés de plantes de couverture ne favorisait pas l’arrivée de maladies dans les champs et que, tout au contraire, il avait constaté « une grosse baisse des maladies de sol » dans ses parcelles protégées par un couvert végétal.