La Terre de chez nous

Une étonnante couverture végétale

- MARTIN PRIMEAU mprimeau@ laterre.ca

C’est en mélangeant accidentel­lement des semences de sarrasin et de pois 4010 que l’agronome Guillaume Cloutier, de la ferme Delfland, a découvert son « mélange coup de coeur » de couverture végétale sur ses terres noires.

« Le pois monte en s’attachant au sarrasin, et lorsque le sarrasin meurt avec le premier gel, le pois continue de pousser », confiait-il lors d’une conférence qu’il prononçait dans le cadre des Journées horticoles et Grandes cultures de Saint-Rémi, en décembre.

L’agronome teste depuis cinq ans différents mélanges de plantes de couverture dans les parcelles de la ferme de Napiervill­e, en Montérégie, avec pour objectif de trouver ceux qui lui permettron­t de couvrir le sol tout au long de l’automne afin de combattre l’érosion, les maladies et la compaction du sol.

Si l’utilisatio­n des couverture­s végétales permanente­s a déjà quelques adeptes en grandes cultures, beaucoup de travail reste à faire dans le secteur maraîcher, estime M. Cloutier. Pour dissiper ce brouillard, le producteur y est allé d’essais et d’erreurs, cherchant à distinguer les meilleurs ratios de semences à utiliser dans ses mélanges en plus d’établir le meilleur calendrier de semis à suivre.

Ce travail a amené Delfland à investir plus de 34 000 $ en 2019 pour couvrir avec des engrais verts plus de 90 % de ses terres (1 089 acres sur un total de 1 200). « Ça réduit presque à zéro la quantité de terre perdue lors du dégel et des épisodes de vent », souligne-t-il avec fierté, ajoutant que son sol est par la même occasion devenu « extrêmemen­t productif et résilient ».

Des mythes à déboulonne­r

M. Cloutier a profité de l’occasion pour déboulonne­r une série de mythes concernant les couverture­s végétales permanente­s en horticultu­re, notamment celui voulant que le fait de semer dans les résidus de couvert végétal pouvait être complexe. Or, selon lui, ce n’est pas le cas. « Il faut bien choisir les espèces qu’on sème, c’est tout », dit-il, précisant que les graminées sont à utiliser le moins possible parce qu’elles nuisent aux semis lorsqu’elles poussent trop longtemps.

Selon lui, les résidus de couverture­s végétales ne retardent pas non plus le réchauffem­ent du sol une fois le printemps arrivé. « Il m’est arrivé une fois en six ans de ne pas pouvoir entrer dans le champ », a-t-il affirmé, ajoutant que les résidus d’engrais verts avaient tendance à retenir la neige, et donc, à créer un isolant qui diminue le gel au sol.

Finalement, il dit avoir remarqué que l’utilisatio­n successive de différente­s variétés de plantes de couverture ne favorisait pas l’arrivée de maladies dans les champs et que, tout au contraire, il avait constaté « une grosse baisse des maladies de sol » dans ses parcelles protégées par un couvert végétal.

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Le mélange de sarrasin et de pois 4010 est l’un de ceux qui offrent la meilleure couverture à l’automne, selon l’agronome Guillaume Cloutier, de la ferme Delfland.
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Guillaume Cloutier

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