La Terre de chez nous

Appel à investir pour contrer les menaces au bio

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

Le directeur de la Fromagerie L’Ancêtre, Pascal Désilets, estime qu’il faut investir davantage pour promouvoir les points forts des produits laitiers biologique­s, et ce, afin de limiter les pertes de marché occasionné­es non seulement par la popularité grandissan­te des produits végétaux, mais aussi par les importatio­ns européenne­s de fromages et par l’arrivée d’autres certificat­ions comme celle du lait de vaches nourries à l’herbe.

« Le budget de 400 000 $ [des Producteur­s de lait du Québec pour promouvoir le lait bio], est-ce suffisant pour faire face aux défis? On croit que c’est insuffisan­t », a plaidé M. Désilets au micro de l’assemblée générale annuelle du Syndicat des producteur­s de lait biologique du Québec, le 17 janvier à Québec.

La Fromagerie L’Ancêtre, située à Bécancour, vend 41 types de fromages bio et du beurre, dont 75 % des volumes sont exportés. Son directeur remarque lui aussi une popularité grandissan­te des produits véganes, comme le beurre végétal, dans certaines régions canadienne­s.

Il a fait remarquer que le coût de production de ces produits végétaux est plus avantageux que celui des produits laitiers. « Le lait représente plus de 70 % [du coût de fabricatio­n] de nos fromages et 80 % du beurre; ça ne nous laisse pas énormément de latitude comparativ­ement aux produits à base de plantes, qui jouissent de meilleures marges. Il faut en être conscient », a-t-il indiqué, soulignant qu’il importe de promouvoir les atouts des produits laitiers bio pour convaincre le consommate­ur.

Pascal Désilets fait état d’une seconde menace : les importatio­ns européenne­s de fromages et leur coût de fabricatio­n également plus faible. « Le prix du lait bio en Europe est de 0,70 $ le litre contre 1,1 $ le litre ici. Les Européens sont très compétitif­s […] et leurs importatio­ns pourraient atteindre 20 millions de kilos de fromage en 2022. Nos grands détaillant­s ont une partie de ces attributio­ns [d’importatio­n] et ils peuvent maximiser leurs profits en important du cheddar bio », déplore M. Désilets.

L’agricultur­e régénératr­ice

Le directeur de la Fromagerie L’Ancêtre a par ailleurs indiqué à la salle que du lait « naturel », du lait de vaches nourries à l’herbe, du lait sans OGM ou du lait issu de l’agricultur­e régénératr­ice grugent également des parts de marché aux produits laitiers certifiés bio.

Whole Foods, une entreprise de distributi­on alimentair­e acquise par Amazon, a annoncé que l’agricultur­e régénératr­ice sera l’une des 10 plus grandes tendances alimentair­es de 2020. Rappelons que l’agricultur­e régénératr­ice consiste en des pratiques culturales qui restaurent la biodiversi­té, qui augmentent la séquestrat­ion de carbone dans le sol et qui permettent au sol d’être plus résilient aux sécheresse­s et aux inondation­s, notamment.

Un autre géant de l’alimentati­on, General Mills [qui possède notamment Liberté et Yoplait], s’engage pour sa part à faire avancer l’agricultur­e génératric­e sur un million d’acres d’ici 2030. « Il faut s’y intéresser. Il faut pousser vers le haut la norme bio canadienne, appuyer le système d’inspection et valoriser la norme biologique », a martelé M. Désilets. Il croit que les producteur­s bio devraient également inclure les principes de l’agricultur­e régénératr­ice afin de ne pas se faire devancer.

 ??  ?? Le directeur de la Fromagerie L’Ancêtre, Pascal Désilets, assure qu’il faut investir en promotion et amener le bio à un autre niveau.
Le directeur de la Fromagerie L’Ancêtre, Pascal Désilets, assure qu’il faut investir en promotion et amener le bio à un autre niveau.

Newspapers in French

Newspapers from Canada