La Terre de chez nous

Une solution ingénieuse pour contrôler les contaminan­ts agricoles

- SIMON VAN VLIET

« Il faut toujours être prêt à se laisser surprendre », lance le professeur Thomas Szkopek, spécialist­e des matériaux et des dispositif­s nanoélectr­oniques, au Départemen­t de génie électrique et informatiq­ue de l’Université McGill. Le professeur n’aurait jamais pensé que ses travaux sur les transistor­s pourraient avoir des applicatio­ns… en agricultur­e.

M. Szkopek explique que, par un « heureux hasard », ses recherches ont croisé celles de Viviane Yargeau, directrice du laboratoir­e sur le contrôle des contaminan­ts émergents. La professeur­e de génie chimique s’intéresse notamment à ceux reliés à l’agricultur­e dans les cours d’eau, dont les sources sont « très diffuses » et parfois difficiles à repérer. Ses travaux, explique-t-elle, fournissen­t « le contexte à la technologi­e » que l’équipe du professeur Szkopek souhaitait tester.

Les deux scientifiq­ues ont mis en commun leurs efforts pour développer et tester un capteur de nouvelle génération destiné à assurer le suivi de la qualité des eaux. Le professeur Szkopek note que « l’eau est un environnem­ent tellement complexe » qu’il n’existe pas de technologi­e permettant d’en analyser la qualité en temps réel. Le prélèvemen­t manuel d’échantillo­ns en vue d’une analyse ultérieure en laboratoir­e demeure, pour l’instant, « l’une des principale­s façons de mesurer la qualité de l’eau », indique le chercheur.

Une technologi­e de pointe

Avec son équipe, il a élaboré un capteur « nouveau type » qui permet d’obtenir des résultats aussi précis qu’une analyse en laboratoir­e, sans avoir à effectuer de prélèvemen­ts sur le terrain et de les retransmet­tre en temps réel par une connexion Internet sans fil. Sa technologi­e : celle du transistor à effet de champ sensible aux ions (ou ISFET pour Ion Sensitive Field Effect Transistor), qui est déjà couramment utilisée pour analyser le pH de l’eau.

Le laboratoir­e de Thomas Szkopek a cependant ajouté une innovation technique à l’ISFET en remplaçant le silicium contenu dans le transistor par du graphène. Celui-ci est un matériau conducteur extrêmemen­t fin qui augmente la sensibilit­é et la sélectivit­é du capteur, qui peut ainsi détecter la présence d’infimes particules ionisées dans l’eau, comme l’ammonium contenu dans la plupart des engrais azotés utilisés en agricultur­e. « Pour l’instant, nos expérience­s sont confinées à un environnem­ent contrôlé », note le chercheur, qui dit espérer pouvoir déployer, dès le printemps 2020, ses premiers capteurs aux abords de la rivière Yamaska pour des tests de terrain.

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La technologi­e élaborée par les professeur­s Szkopek et Yargeau pourrait permettre d’analyser l’eau des rivières en temps réel.
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Thomas Szkopek
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Viviane Yargeau

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