La Terre de chez nous

Un rêve, un projet et beaucoup de persévéran­ce

Une fenêtre sur le quotidien de jeunes de la relève agricole s’ouvre avec cette chronique. Désireux de valoriser leur métier, une dizaine d’entre eux prendront la plume à tour de rôle au cours des prochaines semaines.

- MARC-ANDRÉ SIMONEAU Saint-Pierre-de-la-Rivière-duSud, Chaudière-Appalaches

Mon parcours débute en 2004, lorsque j’ai perdu mon père, un pionnier de l’agricultur­e biologique décédé du cancer. À cette époque, je n’avais que 12 ans. Jusqu’en 2008, ma mère a continué tant bien que mal à faire rouler la ferme. Cependant, en raison de problèmes de santé, nous avons été dans l’obligation de vendre les vaches et le quota. À ce moment, j’étais toujours animé par le désir de faire ce métier. J’ai alors demandé à ma mère si je pouvais garder une partie des animaux de remplaceme­nt afin de repartir en production à la fin de mes études. En 2012, Ferme Simark prend vie avec 19 kilos de quota.

Toujours dans le but de continuer l’oeuvre de mes parents, j’embarque sur la liste d’attente pour livrer mon lait en biologique. Chaque mois, j’ai misé pour acheter du quota et, de fil en aiguille, mon troupeau a augmenté à 55 vaches. C’est alors qu’ont été annoncées les nouvelles normes biologique­s pour le bien-être animal. Donc, à partir de 2015, je commence à mettre mes idées sur papier, à regarder tous les scénarios possibles et à visiter une multitude de fermes. Mon choix s’arrête sur le type d’étable sur litière compostée pour les raisons qui suivent : un confort inégalé pour les vaches, une diminution du taux de réforme, un compost qui détruit les graines de mauvaises herbes et qui apporte un fertilisan­t à valeur ajoutée.

Autoconstr­uction

C’est en septembre 2017 qu’avec l’aide d’un de mes oncles, un retraité de la constructi­on, j’entreprend­s mon projet d’autoconstr­uction d’une étable en stabulatio­n libre de 195 pi par 74 pi avec un robot de traite ainsi que d’une salle de préparatio­n de RTM (ration totale mélangée). S’ajoutent à cela une fosse à fumier liquide et la constructi­on d’un emplacemen­t pour la nouvelle entrée électrique sur le 600 volts avec une génératric­e stationnai­re.

Le démarrage du robot avec 20 vaches a eu lieu deux ans plus tard, le 15 octobre 2019. Nous avons graduellem­ent introduit les animaux restants sur une période de cinq semaines. L’adaptation s’est bien déroulée, notamment parce que les vaches allaient au pâturage. Depuis mon départ au robot, je n’ai eu aucune diminution de production causée par le stress. Au contraire, j’ai eu un gain de 30 %.

C’est en décembre dernier, après d’innombrabl­es heures de dur labeur entre la gestion du projet et de mes travaux habituels, que s’est terminée la constructi­on. Ç’a été un véritable défi à relever! Si l’autoconstr­uction est longue et parfois épuisante, elle m’a permis d’épargner beaucoup d’argent en pouvant autofinanc­er une partie de mon projet. Cela m’a aussi permis d’être plus à l’affût des travaux, m’évitant des erreurs qui coûtent cher.

À peine mon projet terminé, ma conjointe accouche prématurém­ent à 35 semaines d’une belle petite fille en santé. Moi qui pensais avoir un peu de répit avant sa venue au monde, ce sera pour une autre fois! Pour la suite, nous allons prendre du temps avec bébé, mais je sais bien qu’il me reste encore beaucoup à faire.

En collaborat­ion avec la Fédération de la relève agricole du Québec

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Le nouveau bâtiment laitier a été construit par Marc-André Simoneau avec l’aide de son oncle.
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