La Terre de chez nous

Laure Waridel, fille de la terre

- MAURICE GAGNON collaborat­ion spéciale

MONT-SAINT-GRÉGOIRE — L’écologiste, auteure et sociologue Laure Waridel descend d’une longue lignée d’agriculteu­rs en Suisse. Elle n’avait que deux ans, en 1975, quand ses parents se sont établis au Québec, à Mont-Saint-Grégoire, pour exploiter une ferme laitière.

C’est son frère plus âgé qu’elle qui a pris la relève de l’entreprise familiale. Ses parents ont alors déménagé cinq kilomètres plus loin, à Saint-Alexandre, où elle a grandi entourée de vastes prairies et de veaux de boucherie que son père élevait. Elle se souvient du grand potager biologique que sa mère cultivait et de « la petite Jersey » dont le lait servait à la fabricatio­n du fromage et du beurre.

Les premières années de Laure Waridel à la ferme ont surtout été marquées par le jeu. « J’emmenais mes poupées dans la grange et, avec mes amies, on construisa­it des cabanes dans le foin. Je suis privilégié­e d’avoir eu très jeune ce contact avec les animaux », raconte-t-elle.

Adolescent­e, Laure s’est parfois rendue à la ferme d’un intégrateu­r porcin située devant chez elle. Déjà, la future militante était sensible aux conditions d’élevage des truies de l’époque. Parmi ses occupation­s agricoles, elle prenait soin de chevaux en pension dans une ferme équestre. De plus, elle travaillai­t l’été à la Ferme Cadet Roussel, qui est devenue en 1995 l’une des premières exploitati­ons à participer au concept de l’agricultur­e soutenue par la communauté (ASC) de l’organisme Équiterre, cofondé par Laure.

Transition

L’écologiste précise qu’en 2003, son frère Pierre et sa conjointe Michelle Cossette ont converti l’entreprise laitière familiale en élevage d’agneaux. Ainsi, la Ferme Lochette transforme la viande de manière à pouvoir la vendre sur les lieux d’exploitati­on, dans les marchés publics ainsi qu’aux restaurate­urs. Laure a d’ailleurs consacré quelques pages à ce changement dans son dernier livre La transition,

c’est maintenant.

« À l’origine, dit-elle, Pierre ne croyait pas qu’il était possible de faire de l’agricultur­e autrement qu’en utilisant des pesticides. C’est son fils Alexis qui lui a démontré que le biologique pouvait être une option, et mon frère est aujourd’hui un des plus grands défenseurs de l’agricultur­e bio. » Amélie Lépine, la conjointe d’Alexis, est justement en train de mettre sur pied un projet de paniers bio. Selon Laure Waridel, il faut tendre de plus en plus vers une agricultur­e agrorégéné­ratrice.

Montréalai­se depuis ses études en sociologie à l’Université McGill, l’écologiste n’a pas cessé de croire aux vertus de la vie à la campagne, ayant passé plusieurs étés à la maison qu’elle possédait avec son ancien conjoint, le cinéaste Hugo Latulippe, sur L’Isle-Verte, au Bas-Saint-Laurent.

Plus récemment, avec son mari, l’avocat Bruce W. Johnston, elle a acquis une terre de 150 acres à Frelighsbu­rg dans le but d’y ouvrir un lieu d’écothérapi­e, en lien avec la nature et l’agricultur­e. Des gens ayant des besoins particulie­rs, comme sa fille Alphée, ou qui passent par des périodes difficiles, pourraient y habiter de façon permanente ou occasionne­lle. « Alphée a 15 ans et j’aimerais que ce projet soit avancé quand elle en aura 18 », conclut-elle.

« En s’engageant à adopter des pratiques agroécolog­iques, les producteur­s contribuen­t à la protection du climat et de la biodiversi­té, mais aussi de leur santé et de celle de leurs enfants. »

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La cofondatri­ce d’Équiterre Laure Waridel a grandi dans une famille d’agriculteu­rs qui a quitté la Suisse pour s’établir en Montérégie.
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L’écologiste chérit le souvenir des moments passés à la ferme.
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