Quand être ambitieuse nuit
« Une femme ambitieuse, ce n’est pas valorisé comme un homme ambitieux », croit la productrice Michèle Lalancette, qui est convaincue d’avoir bousculé l’ordre établi en mentionnant publiquement qu’elle convoitait la présidence de l’Union des producteurs agricoles (UPA) dans un horizon d’une dizaine d’années, alors qu’elle se trouvait à la tête de Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ).
Le mandat de l’éleveuse laitière du Lac-Saint-Jean n’a pas été renouvelé après cette déclaration il y a deux ans. « C’est un peu pour ça que je me suis fait tasser très rapidement. J’ai fait peur à bien du monde », réfléchit-elle avec le recul.
Au-delà des remises en question qui s’en sont suivies, la productrice n’a pas fait une croix sur ce projet « si on lui en donne l’opportunité » un jour.
Après sa défaite en 2018, Mme Lalancette a pris une pause de toute implication. Mais depuis quelque temps, elle a commencé à s’impliquer dans un club de lait biologique de sa région. « C’est dans ma personnalité de brasser les affaires, affirme-t-elle. Quand je m’implique, c’est pour faire changer les choses, pas pour que ce soit le statu quo. C’est sûr que ça dérange des gens. »
En tant que femme, elle trouve irritant de se faire demander à quel point elle trouve difficile d’être loin de ses enfants pendant les congrès, par exemple, alors que la question n’est pas posée aux hommes dans sa situation. « C’est encore ça la vision des gens. Pourtant, c’est plus facile pour moi de partir [de la ferme]. Il y a beaucoup de choses physiques que je ne peux pas faire comme mon père ou mon conjoint. »