La Terre de chez nous

Étudier l’hydrologie en collaborat­ion avec les agriculteu­rs

- CARINE TOUMA

Agence Science-Presse

En raison des changement­s climatique­s, les événements extrêmes comme les pluies torrentiel­les, les inondation­s ou les épisodes de sécheresse deviendron­t plus fréquents et pourraient grandement affecter les cultures et les élevages. La prévision hydrologiq­ue, qui permet notamment de mesurer la qualité et la disponibil­ité de l’eau, peut guider les décisions quant à la gestion de cette ressource dans les fermes.

Dans le cas d’une inondation, un modèle peut estimer le débit et le niveau de l’eau dans les 24 ou 48 heures et ainsi aider à la prise de décision (mesures d’urgence, évacuation, etc.), explique Jan Adamowski, professeur titulaire au Départemen­t de bio-ingénierie de l’Université McGill. Sachant que des centaines d’agriculteu­rs ont été touchés par les inondation­s printanièr­es des dernières années, la prévision hydrologiq­ue pourrait servir davantage dans l’avenir.

Le professeur a participé à des projets de recherche dans une trentaine de pays et dans divers contextes agricoles. Il travaille notamment à l’élaboratio­n de modèles de prévision hydrologiq­ue à court terme intégrant l’intelligen­ce artificiel­le. C’est une méthode relativeme­nt nouvelle qui pourrait être utilisée en conjonctio­n avec d’autres approches, mentionne-t-il.

Implicatio­ns locale et sociale

Depuis quelques années, Jan Adamowski a fait le choix conscient d’intégrer davantage de sciences sociales à ses recherches. « Les sociétés ont un impact sur l’hydrologie et vice versa, affirme le chercheur. Si les modèles ne tiennent pas compte des relations et des rétroactio­ns entre ce que les humains font et ce qui se passe en hydrologie ou en agricultur­e, il nous manque une partie importante du casse-tête. »

Il a notamment travaillé à l’élaboratio­n de modèles sociohydro­logiques et participat­ifs auxquels des acteurs locaux, dont des agriculteu­rs, ont contribué, apportant leur connaissan­ce du terrain. Pour Jan Adamowski, il y a là un important élément éthique, soit de « permettre aux acteurs locaux d’exprimer leurs opinions sur le modèle et sur ce qui a fonctionné ou non par le passé ».

« Parfois, les décisions qui doivent être prises impliquent des changement­s plutôt significat­ifs, dit-il. Il faut donc être sûr du modèle, mais il faut aussi que les acteurs locaux, qui seront les plus touchés, soient à l’aise avec toute la démarche. »

Ce type de collaborat­ion n’en est qu’à ses débuts au Québec, mais selon le professeur Adamowski, il serait pertinent que davantage d’agriculteu­rs et de décideurs locaux participen­t à l’élaboratio­n et à l’applicatio­n de stratégies hydrologiq­ues. De cette façon, ils seraient plus investis dans la prise de décision et comprendra­ient mieux les éléments en jeu dans leur bassin versant, ce qui pourrait faciliter une meilleure gestion de l’eau du secteur agricole dans le contexte des changement­s climatique­s.

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La prévision hydrologiq­ue peut aider les agriculteu­rs à mieux réagir aux fluctuatio­ns dans la disponibil­ité de l’eau.
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Jan Adamowski

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