La Terre de chez nous

COVID-19 : j’ai confiance en nous

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

L’épidémie de COVID-19 bouscule notre vie individuel­le et collective comme peu d’événements l’ont fait ces dernières années. Le nombre de cas détectés continue d’augmenter partout dans le monde, les mesures de prévention se multiplien­t et les conséquenc­es politiques, économique­s, sociales et culturelle­s s’accumulent. L’impact de cette crise sur nous, les nôtres et les autres est profond et aura des séquelles.

Même si la situation est difficile, il faut garder en tête qu’elle prendra éventuelle­ment fin. Dans quelques mois, nous repenseron­s à ce début d’année 2020 et constatero­ns que notre résilience, qu’elle ait été individuel­le ou collective, a fait la différence. L’être humain a cette faculté de faire ressortir le meilleur de lui-même devant les épreuves. Celle-ci nous confirmera que les individus, les collectivi­tés et les nations sont capables de se retrousser les manches et de confronter l’adversité quand la situation le requiert.

Ces derniers jours, cet élan de solidarité auquel tous ont collaboré était aussi palpable dans notre organisati­on. De façon concertée, tous les syndicats, fédération­s et groupes affiliés ont rapidement pris les mesures requises pour assurer la continuité des services aux producteur­s tout en limitant les déplacemen­ts des employés et en suivant les consignes des autorités de la santé publique.

Devant la fermeture probable des frontières, et avant même qu’elle ne soit officielle­ment annoncée, nous avions commencé à réfléchir à l’enjeu des travailleu­rs étrangers temporaire­s. Nous avions déjà élaboré un protocole de mise en quarantain­e active pour ces employés, ce qui a permis aux autorités gouverneme­ntales de prendre rapidement la décision d’autoriser leur accès au Canada. C’est un soulagemen­t énorme pour les producteur­s, notamment ceux du secteur horticole. Plus important encore, il s’agissait d’une question de sécurité alimentair­e, de disponibil­ité des fruits et légumes cet été sur nos marchés et du bon fonctionne­ment des entreprise­s de transforma­tion alimentair­e, qui ont recours elles aussi à ces travailleu­rs.

La sécurité alimentair­e d’une nation est une priorité qui dépasse très largement les intérêts économique­s de tout un chacun. Si les gens se battent pour du papier de toilette, imaginez ce que ce serait pour des aliments. La crise alimentair­e mondiale de 2007-2008, provoquée par une forte hausse du prix des céréales comme le riz, avait plongé plusieurs des régions parmi les plus pauvres du monde dans une situation critique.

La sécurité alimentair­e n’a pas de prix et chaque nation en est responsabl­e. Un pays qui ne peut alimenter sa population est un pays à genou. Les crises comme celle que nous traversons nous font réaliser la fragilité de nos systèmes.

Nos gouverneme­nts en sont-ils bien conscients? Selon Statistiqu­e Canada, 1,8 million de ménages canadiens (1 sur 8) souffrent d’insécurité alimentair­e. Cela représente 4,4 millions de personnes, soit le nombre le plus élevé depuis que le Canada tient des statistiqu­es sur le sujet. Qu’en serait-il si, faute de production locale, le coût du panier d’épicerie explosait soudaineme­nt? Poser la question, c’est y répondre. La situation actuelle est suffisamme­nt difficile. Il faut tout faire en ce moment pour assurer le bon fonctionne­ment de la filière agroalimen­taire, de la terre jusqu’à la table.

La résilience des Québécois et Québécoise­s, plus particuliè­rement des agriculteu­rs et agricultri­ces, est très grande. Plusieurs se souviennen­t de la crise du verglas, en 1998, et du courage démontré par la population. La situation actuelle est de même nature, voire encore plus sérieuse, mais j’ai confiance en nous et en la nature humaine.

Il faut tout faire en ce moment pour assurer le bon fonctionne­ment de la filière agroalimen­taire, de la terre jusqu’à la table.

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