Vaillancourt en liberté
PLESSISVILLE — « Je le dis en toute franchise : c’est la campagne qui a fait ce que je suis aujourd’hui », affirme sans détour Armand Vaillancourt. Le peintre et sculpteur de renommée internationale a passé presque toute son enfance à la ferme achetée par son père, en compagnie de ses 16 frères et soeurs.
« On était à 4-5 km de Saint-Ferdinand, dans le bout de Maple Grove, ce qui ne dit rien à personne », rigole l’homme de 90 ans, en décrivant de mémoire chaque rue et bâtisse, et quel voisin y habitait. « C’est dire combien j’ai aimé la campagne, même si ç’a été dur parce qu’on était très pauvres. »
Il souligne que les difficultés financières n’empêchaient toutefois pas son père de se montrer très généreux, car la famille hébergeait régulièrement « tout ce qu’il y avait de quêteux et de gipsys qui passaient », dans un coin de la ferme spécialement aménagé pour eux.
« J’ai cette vitalité-là qui ne me lâche pas. La source, c’est mes années à la campagne. »
L’agriculture à la dure
Le sol sablonneux de la ferme familiale était propice à la production de pommes de terre, une culture qui comportait son lot de désagréments lorsqu’on avait peu de moyens. Armand Vaillancourt raconte qu’il leur fallait par exemple briser la terre en donnant des coups de pied pour faire la récolte.
L’élimination des insectes ravageurs représentait également une tâche ingrate à ses yeux. « On partait dans les rangs et on ramassait les bibittes à patates à la main. Après, on vidait nos chaudières dans un trou puis on les ébouillantait. Je me souviens de l’odeur. C’était épouvantable! Des fois, on vomissait. »
Atelier à la ferme
Une fois adulte, Armand Vaillancourt a surtout habité en ville et dans différents pays où il exerçait son art, mais il y a 25 ans, il s’est déniché un pied à terre dans la région qui l’a vu grandir. L’artiste a d’ailleurs tenu à racheter la forêt et la terre cultivable de cette ferme de Plessisville qui lui sert d’atelier lorsqu’il est passé de locataire à propriétaire, il y a deux ans.
Des agriculteurs lui louent le champ pour produire du fourrage. Cependant, nostalgique d’un temps moins pollué où il pouvait directement boire l’eau d’un ruisseau sans se poser de questions, l’artiste s’est entendu avec les producteurs pour entreprendre un virage biologique. M. Vaillancourt rêve aussi de lancer, éventuellement, un projet à la ferme visant à nourrir des gens dans le besoin.