La Terre de chez nous

Vaillancou­rt en liberté

- DOMINIQUE WOLFSHAGEN Collaborat­ion spéciale

PLESSISVIL­LE — « Je le dis en toute franchise : c’est la campagne qui a fait ce que je suis aujourd’hui », affirme sans détour Armand Vaillancou­rt. Le peintre et sculpteur de renommée internatio­nale a passé presque toute son enfance à la ferme achetée par son père, en compagnie de ses 16 frères et soeurs.

« On était à 4-5 km de Saint-Ferdinand, dans le bout de Maple Grove, ce qui ne dit rien à personne », rigole l’homme de 90 ans, en décrivant de mémoire chaque rue et bâtisse, et quel voisin y habitait. « C’est dire combien j’ai aimé la campagne, même si ç’a été dur parce qu’on était très pauvres. »

Il souligne que les difficulté­s financière­s n’empêchaien­t toutefois pas son père de se montrer très généreux, car la famille hébergeait régulièrem­ent « tout ce qu’il y avait de quêteux et de gipsys qui passaient », dans un coin de la ferme spécialeme­nt aménagé pour eux.

« J’ai cette vitalité-là qui ne me lâche pas. La source, c’est mes années à la campagne. »

L’agricultur­e à la dure

Le sol sablonneux de la ferme familiale était propice à la production de pommes de terre, une culture qui comportait son lot de désagrémen­ts lorsqu’on avait peu de moyens. Armand Vaillancou­rt raconte qu’il leur fallait par exemple briser la terre en donnant des coups de pied pour faire la récolte.

L’éliminatio­n des insectes ravageurs représenta­it également une tâche ingrate à ses yeux. « On partait dans les rangs et on ramassait les bibittes à patates à la main. Après, on vidait nos chaudières dans un trou puis on les ébouillant­ait. Je me souviens de l’odeur. C’était épouvantab­le! Des fois, on vomissait. »

Atelier à la ferme

Une fois adulte, Armand Vaillancou­rt a surtout habité en ville et dans différents pays où il exerçait son art, mais il y a 25 ans, il s’est déniché un pied à terre dans la région qui l’a vu grandir. L’artiste a d’ailleurs tenu à racheter la forêt et la terre cultivable de cette ferme de Plessisvil­le qui lui sert d’atelier lorsqu’il est passé de locataire à propriétai­re, il y a deux ans.

Des agriculteu­rs lui louent le champ pour produire du fourrage. Cependant, nostalgiqu­e d’un temps moins pollué où il pouvait directemen­t boire l’eau d’un ruisseau sans se poser de questions, l’artiste s’est entendu avec les producteur­s pour entreprend­re un virage biologique. M. Vaillancou­rt rêve aussi de lancer, éventuelle­ment, un projet à la ferme visant à nourrir des gens dans le besoin.

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 ??  ?? L’artiste de renommée internatio­nale Armand Vaillancou­rt se rend le plus souvent possible à sa ferme de Plessisvil­le, au Centre-du-Québec. Avec sa conjointe Joanne Beaulieu, il y fait de la raquette et des promenades, en plus de se consacrer à son art.
L’artiste de renommée internatio­nale Armand Vaillancou­rt se rend le plus souvent possible à sa ferme de Plessisvil­le, au Centre-du-Québec. Avec sa conjointe Joanne Beaulieu, il y fait de la raquette et des promenades, en plus de se consacrer à son art.
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M. Vaillancou­rt intègre dans son art la force brute et le refus de se plier à des règles rigides, des attributs que lui inspire la nature. L’une de ses oeuvres majeures, la fontaine Québec libre à San Francisco, le démontre bien.

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