La Terre de chez nous

La drêche, bonne pour les porcs

- GENEVIÈVE QUESSY Collaborat­ion spéciale

Avec la multiplica­tion des microbrass­eries et des distilleri­es au Québec, la quantité de drêche accessible augmente. Si plusieurs brasseurs et distillate­urs ont trouvé des agriculteu­rs pour récupérer leur drêche, d’autres, en particulie­r sur l’île de Montréal, sont toujours à la recherche de quelqu’un à qui la donner.

À la Microbrass­erie Le Bilboquet, Martin Audet, directeur des opérations, donne même un dédommagem­ent à l’éleveur de chèvres qui vient chercher sa drêche. « On paye son essence. D’une part, il nous débarrasse d’un déchet qu’il faut gérer, et d’autre part, c’est une bonne façon de le revalorise­r. »

Diminution du coût de la ration

Les éleveurs qui débarrasse­nt les brasseries et distilleri­es de leur drêche l’obtiennent le plus souvent gratuiteme­nt. Ainsi, en plus de ses vertus nutritives, la drêche est une solution économique qui permet de diminuer le coût de la ration. Elle a aussi ses avantages dans la qualité de la viande obtenue.

Ryan Allen, de la ferme brassicole MacAllen à Rawdon, nourrit ses porcs avec la drêche issue de la bière qu’il fabrique à sa microbrass­erie. « C’est ça qui fait de mes porcs un produit vraiment local. Ça nous place dans une niche, amène un côté terroir que nos clients recherchen­t. Les chefs cuisiniers nous le disent, notre viande est d’une qualité exceptionn­elle. »

Hautement nutritive

Younes Chorfi, professeur et médecin vétérinair­e, a mené des recherches sur l’utilisatio­n de la drêche dans l’alimentati­on animale. Selon ses conclusion­s, il s’agit d’un aliment hautement nutritif. « C’est un concentré de protéines, de fibres et de gras, qui contient moins d’amidon que la céréale initiale. Donc, sur le plan nutritionn­el, c’est très intéressan­t. Par exemple, le maïs contient 8 % de protéines, tandis que sa drêche en contient 30 %. »

La drêche humide est active bactériolo­giquement lorsqu’elle est retirée des cuves de brassage. Il faut la récupérer et l’utiliser rapidement. C’est le côté délicat, selon Dr Chorfi. « On a là une concentrat­ion de protéines, mais aussi de mycotoxine­s. Pour ne pas dépasser le seuil sécuritair­e, on recommande un ratio de 20 % de l’alimentati­on. » Selon le spécialist­e, plusieurs animaux peuvent en consommer, tels que bovins, porcs, volailles, chevaux, chats et chiens, et même les humains.

Des fabricants de moulées pour animaux se sont intéressés à ce sous-produit par le passé. La plupart ont abandonné ou choisissen­t de se tourner vers la drêche des fabricants d’éthanol industriel­s. « C’était trop compliqué de récupérer la drêche encore humide des microbrass­eries. On s’est donc tournés vers les grosses usines qui possèdent des séchoirs et nous fournissen­t une drêche séchée, donc stabilisée », explique Jennifer Johnson, directrice générale de Promix.

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Les porcs de la Ferme MacAllen se régalent avec la drêche de la bière fabriquée par leur maître Ryan Allen dans sa microbrass­erie.

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