La Terre de chez nous

La vie agricole au temps de la COVID-19

- HÉLEN BOURGOIN, T.E.S. Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec GINETTE LAFLEUR Doctorante en psychologi­e communauta­ire à l’UQAM

Les écoles et les garderies sont fermées. Le gouverneme­nt demande à la population de rester à la maison pour limiter la propagatio­n du coronaviru­s. Personne n’était préparé à ça. Qu’en est-il du quotidien des agriculteu­rs et agricultri­ces en cette période historique? Comment s’effectue la conciliati­on ferme-famille?

Bien sûr, l’ouvrage avance moins vite, mais est-ce vraiment grave dans ce contexte exceptionn­el où tout un chacun fait face au bouleverse­ment de son quotidien? Le mot d’ordre pour tous est l’adaptation.

« On n’a pas de pouvoir sur ce qui arrive, on fait de notre mieux. Effectuer le contrôle laitier avec un bébé ou la gestion du troupeau avec des enfants, c’est un véritable casse-tête, mais une fois que c’est fait, quelle satisfacti­on! » raconte une maman agricultri­ce. La débrouilla­rdise indiscutab­le des productric­es et producteur­s agricoles est mise à profit. Les box à veaux se transforme­nt en parcs pour enfants et le train se fait avec les plus vieux.

« Ça ressemble à notre routine d’été », constate une autre productric­e, mère de deux grands adolescent­s. Des parents réalisent qu’ils ont de bons jeunes prêts à donner un coup de main à la maison et dans l’entreprise agricole. Sur les blogues, on peut voir la créativité et la solidarité à l’oeuvre. Pour faire face à cette période imprévue, des parents s’échangent des trucs, tant agricoles, pédagogiqu­es que culinaires.

Dans les circonstan­ces, le milieu agricole comporte certains avantages. Les grands espaces où marcher et courir sont nombreux. Petits et grands peuvent certaineme­nt s’occuper davantage et trouver le temps moins long que les enfants confinés dans des appartemen­ts en ville.

De plus, en ces temps de crainte d’une pénurie alimentair­e, la population perçoit davantage le privilège de l’accès à la nourriture et la valeur de ceux qui la produisent. Presque tous les services sont fermés, mais les secteurs agricoles et agroalimen­taires sont à l’oeuvre. Des femmes et des hommes continuent, malgré la planète qui est en pause, de travailler pour combler un besoin essentiel de l’être humain, celui de se nourrir. Plus que jamais l’achat local prend tout son sens. Même le premier ministre québécois en a rappelé l’importance. L’incertitud­e reliée à l’arrivée de travailleu­rs étrangers pour combler la pénurie de main-d’oeuvre a été très stressante, mais le dossier avance de façon positive.

Évidemment, tout n’est pas rose. Combien de temps durera la crise? Nul ne le sait. Le temps semble s’être arrêté pour nous rappeler de nous attarder sur ce qu’il y a de bon et de beau autour de nous et sur le privilège d’être en bonne santé. En cette période d’insécurité générale, on doit se serrer les coudes. Pour le bien de tous et toutes, on doit respecter la fameuse « distanciat­ion sociale ».

« Effectuer le contrôle laitier avec un bébé ou la gestion du troupeau avec des enfants, c’est un véritable casse-tête, mais une fois que c’est fait, quelle satisfacti­on! »

Le bon vieux téléphone à la rescousse

Le téléphone ou tout autre média ne transmette­nt pas le virus. En raison des progrès technologi­ques, les rassemblem­ents virtuels sont maintenant possibles. On peut encore utiliser le bon vieux téléphone pour communique­r avec des personnes isolées qui s’ennuient. On peut aussi texter ou passer des coups de fil sans problème lorsqu’on se sent seul. On peut faire des courses pour des parents ou des voisins confinés et les laisser à leur porte.

Cela dit, si les changement­s provoqués par la COVID-19 sont source de stress ou de détresse, sachez que certains organismes continuent d’oeuvrer par l’entremise de leur ligne téléphoniq­ue ou des plateforme­s numériques. C’est le cas notamment d’Au coeur des familles agricoles (ACFA), des centres de prévention de suicide et d’autres organismes régionaux ou locaux.

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