Le rêve commun de deux mamans
Une fenêtre sur le quotidien de jeunes de la relève agricole s’ouvre avec cette chronique. Désireux de valoriser leur métier, une dizaine d’entre eux prendront la plume à tour de rôle au cours des prochaines semaines.
Cette histoire débute lorsque Andréanne Juteau et Stéphanie Rondeau font la connaissance l’une de l’autre à la garderie de leurs enfants, située au cégep de la région. L’une, passionnée par les animaux, étudie en agriculture; l’autre, comptable professionnelle agréée, enseigne la comptabilité. Toutes deux mères de famille monoparentale, elles partagent un rêve commun : celui de devenir agricultrice. En juillet 2018, elles lancent donc Écoferme Lanaudière SENC et en 2019, elles s’installent dans une exploitation de façon permanente et démarrent leurs activités de production.
Déjouer les difficultés
Par le biais de leurs produits fermiers vendus dans leur miniépicerie, les deux productrices font la promotion d’une agriculture responsable et d’un engagement social important. Elles offrent actuellement cinq variétés d’oeufs, deux sortes de viandes et des légumes à l’année. La diversité des produits offerts impose différentes méthodes et expertises pour chacun d’eux. « On apprend bien des choses sur les bancs d’école, mais on a tout à réapprendre sur le terrain. On s’instruisait sur les grandes productions et les grands élevages. Nous, on a opté pour plusieurs petites productions et petits élevages. Nous sommes passionnées et voulons toucher à tout, mais ça augmente le niveau de difficulté. Comme notre ferme comporte peu d’équipement automatisé, nous devons tout faire manuellement », explique Mme Rondeau. « À nos débuts, nous étions stéréotypées. On nous disait fréquemment que ça nous prenait un homme dans l’équipe. Je me demande s’ils enviaient notre succès et si ce n’était pas une façon maladroite de mentionner qu’ils voulaient en faire partie », fait remarquer Andréanne Juteau.
Relever ses manches
Lors du démarrage de leur ferme, les productrices ont dû faire face à deux grands défis. D’abord, trouver un emplacement qui convenait à leur projet. La patience a porté fruit, car elles ont mis la main sur une location à long terme, l’emplacement de rêve que Stéphanie Rondeau convoitait depuis bien des années. Puis, le second défi a été de tout bâtir à partir de zéro, les deux jeunes entrepreneures n’étant pas issues d’une famille agricole.
Puis est venu le temps de calculer le coût de revient réel après les maintes heures de labeur. « Si nous n’avions pas eu l’aide de différents organismes auxquels nous avions toutes les deux accès, comme La Financière agricole du Québec, nous n’aurions probablement pas survécu une seule année. Ensuite, nous avons fait le choix responsable de limiter notre empreinte écologique et de vendre nos produits à des prix accessibles à tous. Ça amène tout son lot de défis, comme celui de devoir occuper un deuxième emploi à l’extérieur de la ferme », dit Mme Juteau.
Le but des productrices cette année est d’être en mesure de faire vivre les deux familles, et donc d’en retirer chacune un salaire. Pour y arriver, elles doivent évidemment faire des concessions. Leur vision de la vie est de pouvoir partager leur passion et leurs valeurs avec leurs enfants, ce que la ferme leur permet de faire. Et l’histoire ne fait que commencer!