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Agriculteu­rs, attention à la maladie de Lyme!

- KATHLEEN COUILLARD

La maladie de Lyme progresse au Québec. « La Montérégie, l’Estrie et tous les secteurs se trouvant le long de la frontière américaine sont des zones de risque établies », confirme Virginie Millien, chercheuse à l’Université McGill. Cette situation préoccupan­te pourrait bien avoir des répercussi­ons sur les producteur­s de ces régions.

La maladie de Lyme est causée par une bactérie qui se transmet par la morsure de tiques à pattes noires. « Elles ont un cycle de vie d’environ deux ans qui comprend une phase de dormance pendant l’hiver, explique Mme Millien. Dans le passé, les hivers rigoureux du Québec ne permettaie­nt pas aux tiques de survivre. » Toutefois, en raison du réchauffem­ent climatique, elles peuvent maintenant se reproduire jusqu’au nord du fleuve Saint-Laurent.

Un risque pour les agriculteu­rs

Parce qu’ils travaillen­t à l’extérieur, les producteur­s risquent davantage de contracter la maladie de Lyme. « Ils sont en contact non seulement avec l’habitat des tiques, mais aussi avec certains animaux qui peuvent être les hôtes des tiques. » Par exemple, elles utilisent les souris à pattes blanches pour se déplacer. « Un de nos étudiants a constaté que ces souris quittaient la forêt pendant la nuit pour aller grignoter dans les champs agricoles », raconte Virginie Millien. Elles transporte­nt ainsi les tiques jusque dans les fermes.

Les agriculteu­rs doivent donc prendre les précaution­s nécessaire­s pour se protéger. « Les chasse-moustiques contenant 20 % de DEET sont efficaces, mentionne la chercheuse. Une fois à la maison, une douche est également recommandé­e. » Il est aussi important de s’inspecter soi-même pour détecter les tiques qui auraient pu s’installer et les retirer rapidement. Il faut 48 heures pour que la maladie de Lyme se transmette à l’humain. Selon Mme Millien, il est donc possible d’éviter l’infection, même si on a été mordu.

Et les animaux d’élevage?

Certains animaux peuvent développer la maladie de Lyme. C’est notamment le cas des chiens, mais aussi de certains animaux d’élevage. Kirsten Crandall, étudiante au doctorat dans le laboratoir­e de Virginie Millien, côtoie plusieurs producteur­s dans le cadre de ses travaux. « Des éleveurs de chevaux disent trouver une quinzaine de tiques par jour sur leurs animaux, racontet-elle. Certains montrent même des symptômes comme de l’arthrite ou de l’inflammati­on. » Mais tout comme c’est le cas pour l’humain, il n’existe malheureus­ement pas de vaccin pour protéger les chevaux. La seule solution est d’appliquer des répulsifs contre les tiques et de vérifier tous les jours la présence de ces parasites sur les bêtes.

Les autres animaux de la ferme seraient moins susceptibl­es d’être infectés. « Les vaches sont beaucoup moins touchées », confirme l’étudiante. Celle-ci a aussi travaillé auprès d’éleveurs de canards et de poulets, qui rapportent n’avoir jamais trouvé de tiques sur leurs animaux. Selon elle, ce serait notamment parce que ces oiseaux sont très efficaces pour se débarrasse­r des parasites qui s’accrochent à eux.

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Kirsten Crandall, étudiante dans le laboratoir­e de Virginie Millien, étudie la propagatio­n des tiques porteuses de la maladie de Lyme.

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