La Terre de chez nous

Travailler plus rapporte-t-il ?

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca

Faut-il travailler plus pour faire plus de profits? Voilà la question complexe à laquelle s’est attaquée le Centre d’études sur les coûts de production en agricultur­e (CECPA), qui invite les entreprene­urs agricoles de plusieurs production­s animales et végétales à réfléchir sur le temps consacré à leur exploitati­on.

L’étude, intitulée Ça vaut le coût d’y réfléchir, recense le nombre d’heures travaillée­s par unité de production (ex : par bête ou par hectare) entre le groupe de tête et la moyenne. Cet exercice de compilatio­n de données a non seulement permis d’observer un écart des marges de profit, mais aussi que « l’augmentati­on des heures de travail au-delà d’un certain seuil ne permet pas une améliorati­on des performanc­es et de la rentabilit­é ».

Dans plusieurs cas, les entreprise­s plus rentables (groupe de tête) ont consacré presqu’autant de temps par unité de production que celles dans la moyenne.

La valeur du temps sous-estimée

Selon l’analyste Julie Plamondon, qui a travaillé sur l’étude du CECPA, le sujet est particuliè­rement pertinent pour la relève dans un contexte où la valeur du temps est souvent sous-estimée dans le domaine agricole. « On a déjà entendu des étudiants dire que ce n’est pas grave s’ils n’arrivent pas à se payer durant les premières années de leur projet », constate-t-elle.

Or, les chiffres de l’étude démontrent que les entreprise­s du groupe de tête investisse­nt en moyenne la même quantité d’heures, mais génèrent une marge plus importante par heure investie. C’est notamment le cas des éleveurs porcins du groupe de tête, qui réussissen­t à dégager un profit de 10 $ de l’heure de plus que la moyenne. Les producteur­s de maïs et de soya les plus performant­s, quant à eux, ont fait plus de 20 $ de l’heure de plus que leurs homologues dans la moyenne (voir le tableau).

Cela dit, plusieurs facteurs dont le contexte économique, la taille de l’entreprise, la disponibil­ité des ressources humaines ou encore l’état des équipement­s influencen­t le temps travaillé et les écarts de marge de profit entre les producteur­s du groupe de tête et ceux de la moyenne.

Mais comment parvenir à travailler moins tout en étant plus rentable? Il n’existe pas une recette magique, prévient Mme Plamondon. Cette dernière incite donc les entreprene­urs à évaluer leurs options et aussi, à recourir sans hésitation au service des conseiller­s en gestion.

Pour consulter l’étude complète: cecpa.qc.ca

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Selon une récente analyse du Centre d’études sur les coûts de production en agricultur­e, le groupe de tête en élevage porcin dégage une marge de profit de 10 $ de l’heure de plus pour un nombre d’heures travaillée­s similaire à la moyenne.
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Julie Plamondon

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