La Terre de chez nous

Il faut compter sans Hydro

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca

Le premier ministre François Legault répète depuis plus d’une semaine que l’atteinte de l’autonomie alimentair­e s’effectuera notamment grâce à la serricultu­re. Si les Producteur­s en serres du Québec (PSQ) y voient le moment idéal pour obtenir les tarifs électrique­s préférenti­els qu’ils réclament pour développer le secteur, HydroQuébe­c dit qu’il est trop tôt pour se prononcer sur la question.

Le 5 avril, à l’émission Tout le monde en parle, la nouvelle présidente­directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, disait vouloir soutenir « le désir de produire localement ». Les PSQ lui ont fait parvenir une lettre au cours des derniers jours pour lui expliquer leur projet.

Malgré cela, le chef des Affaires publiques d’Hydro-Québec, MarcAntoin­e Pouliot, tempère les ardeurs, affirmant qu’il est encore « trop tôt » pour statuer sur la suite des choses. « La réflexion est en cours à ce sujet de notre côté », indique-t-il.

Le président des PSQ, André Mousseau estime que l’heure n’est plus aux discussion­s. « Ça prend un décret de la part du premier ministre. Ça prend la volonté de faire [bouger les choses], et il faut que ça vienne d’en haut », réagit ce dernier.

Après la crise

En entrevue avec La Terre la semaine dernière, le ministre de l’Agricultur­e André Lamontagne envisageai­t de son côté d’attendre la fin de la crise pour faire progresser ses actions politiques vers l’autonomie alimentair­e. « Ce n’est pas un voeu pieu de vouloir se diriger vers cela. Par contre, ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain », a-t-il fait valoir.

Même si la serricultu­re participer­a à l’atteinte de cet objectif, assure le ministre, les tarifs électrique­s ne sont pas les seuls facteurs de développem­ent de cette production. « [Il ne faut pas penser] qu’Hydro va donner des tarifs et que subitement, tout le Québec va devenir autosuffis­ant avec ses fruits et légumes. C’est sûr que les tarifs d’électricit­é sont un aspect parmi plusieurs aspects et quand ça va avoir besoin d’être utilisé, ce le sera. » Les autres aspects évoqués par le ministre sont l’élargissem­ent du réseau d’électricit­é triphasé, l’adaptation des équipement­s des très petites serres et un soutien adéquat aux petites, moyennes et grandes serres. Il rappelle par ailleurs que de doubler la superficie de cultures en serre était déjà une promesse de son gouverneme­nt.

« Quand le ministre dit qu’il y a d’autres aspects, c’est vrai, affirme André Mousseau, des PSQ, sauf que la base, c’est un tarif d’électricit­é pour ne pas qu’on développe la serricultu­re avec du gaz propane, mais avec de l’électricit­é du Québec. » La décision de chauffer ses bâtiments au propane ou à l’électricit­é est purement économique pour les producteur­s, insiste-t-il. Le plus bas coût l’emporte et pour l’instant, le propane est plus avantageux que l’électricit­é.

Un tarif spécial est actuelleme­nt en vigueur chez Hydro-Québec, mais seulement 15 producteur­s en serre se qualifient pour y avoir accès.

 ??  ??
 ??  ?? Malgré les pressions des serriculte­urs, Hydro-Québec n’est pas prête à élargir l’accès au tarif préférenti­el d’électricit­é pour l’instant.
Malgré les pressions des serriculte­urs, Hydro-Québec n’est pas prête à élargir l’accès au tarif préférenti­el d’électricit­é pour l’instant.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada