La Terre de chez nous

Playdoyer pour faciliter la livraison de produits alcoolisés

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca

Désireux de pouvoir faire livrer leurs produits plus facilement en ces temps de pandémie, les producteur­s de vins et de cidres ont joint leurs voix à l’Associatio­n en agrotouris­me et tourisme gourmand qui réclame un assoupliss­ement des règles en ce sens. Une lettre a été envoyée le 2 avril à plusieurs ministères québécois, dont ceux de l’Agricultur­e et de l’Économie, pour réclamer un allégement permanent ou provisoire de la loi.

Actuelleme­nt, les producteur­s peuvent faire leurs propres livraisons, mais il leur est interdit de le faire via un service intermédia­ire comme celui de Postes Canada.

Le regroupeme­nt veut ainsi optimiser l’achat en ligne et la distributi­on des produits alcoolisés de près de 300 artisans, y compris les distillate­urs, dans un contexte où le premier ministre a « fait appel à la solidarité des Québécois à acheter local […] et qu’il [les] invite à faire leurs achats en ligne pour aider nos entreprene­urs à passer au travers », peut-on lire dans la lettre.

Le président de l’associatio­n d’agrotouris­me, Charles-Henri De Coussergue­s, qui est aussi copropriét­aire du vignoble de L’Orpailleur, à Dunham en Montérégie, estime que cette mesure permettrai­t une plus grande distributi­on des alcools, alors que de nombreux produits ne se retrouvent pas sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ) ou des épiceries.

Des réticences

Bien qu’il appuie cette demande, le nouveau président du Conseil des vins du Québec, Louis Denault, exprime des réserves. Celui qui est aussi copropriét­aire du Vignoble Sainte-Pétronille, sur l’île d’Orléans, craint que ce genre de revendicat­ions puisse porter préjudice à l’industrie viticole. Ce dernier évoque la décision que l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) devra rendre bientôt sur la plainte formulée en 2018 par l’Australie, qui juge discrimina­toire le système de distributi­on des vins importés comparativ­ement à celui des vins canadiens.

M. Denault estime aussi que les coûts reliés aux services de livraison sont appréciabl­es et doute que les consommate­urs soient prêts à débourser des frais supplément­aires.

Le président des Producteur­s de cidre du Québec, Marc-Antoine Lasnier, estime pour sa part que cette mesure profiterai­t à plusieurs de ses membres qui produisent de petits volumes et qui ne bénéficien­t pas du réseau de la SAQ. « C’est difficile dans cette période d’être un homme-orchestre. La livraison, ce n’est pas notre métier premier et on est mieux de passer plus de temps à travailler nos produits que de devenir des experts de la livraison », considère-t-il. Celui qui est propriétai­re de la Cidrerie Milton, à SainteCéci­le-de-Milton, en Montérégie, croit aussi que les consommate­urs sont prêts à payer pour les frais de livraison, au même titre que ceux de la SAQ ou des épiceries.

Au moment de mettre le journal sous presse, la directrice générale de l’Associatio­n en agrotouris­me et tourisme gourmand, Odette Chaput, attendait toujours une réponse des ministères interpellé­s.

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Le président des Producteur­s de cidre du Québec, Marc-Antoine Lasnier, qui est propriétai­re de la Cidrerie Milton, souhaitera­it que tous les producteur­s puissent recourir légalement à un service de livraison intermédia­ire comme celui de Postes Canada.

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