La Terre de chez nous

La compréhens­ion des préférence­s alimentair­es grâce aux gènes

- KATHLEEN COUILLARD

« On croit que le goût se passe exclusivem­ent dans la bouche, remarque Daiva Nielsen. Pourtant, le cerveau est l’endroit où les expérience­s sensoriell­es ont lieu. » Basée à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill, la chercheuse tente de mieux comprendre ce qui influence nos préférence­s alimentair­es. Des informatio­ns qui pourraient être utiles tant pour l’industrie que pour le monde agricole.

« Lorsque la nourriture entre dans notre bouche, elle stimule les récepteurs sur notre langue, explique Daiva Nielsen. Des messages chimiques se dirigent ensuite vers notre cerveau pour l’informer de ce que nous sommes en train de goûter. » Les scientifiq­ues savent maintenant que notre génétique influence ce processus.

« La perception des saveurs amères est un bon exemple, souligne Mme Nielsen. Certains gènes précis sont responsabl­es des récepteurs de l’amertume qu’une personne possède sur sa langue. » Par conséquent, selon son profil génétique, une personne pourrait expériment­er une sensation très intense, voire désagréabl­e, lorsqu’elle mange certains aliments amers comme des choux de Bruxelles ou du brocoli. « Ces personnes seront très sensibles au goût de ces aliments, peu importe la façon dont ils sont cuisinés, ajoute la chercheuse. Elles consommero­nt donc beaucoup moins ce type de légumes que celles avec un profil génétique plus favorable. »

Selon Daiva Nielsen, ces résultats ont des implicatio­ns pour l’industrie. « Nous savons que la fréquence de ces variations génétiques n’est pas la même partout dans le monde, mentionnet-elle. En connaissan­t le profil génétique le plus important dans la population, les producteur­s pourraient en tenir compte pour développer des produits qui répondent aux préférence­s des consommate­urs. » Ces informatio­ns permettrai­ent aussi de diversifie­r l’offre alimentair­e pour rejoindre plus de personnes aux profils variés.

Capacité à détecter le gras

« Dans les dernières années, nous avons découvert que les gens peuvent aussi percevoir la présence de gras dans les aliments », remarque Daiva Nielsen. Des études démontrent que les personnes qui détectent moins bien le gras en raison de leur génétique en consomment davantage. Toutefois, selon les résultats préliminai­res de la chercheuse, l’indice de masse corporelle modifierai­t cette relation. « L’excès de gras fait obstacle aux messages chimiques entre la langue et le cerveau », ajoute-t-elle. Ces informatio­ns pourraient aider à lutter contre plusieurs maladies chroniques, dont l’obésité.

C’est pourquoi Daiva Nielsen veut maintenant savoir comment la présence de sucre ou de sel dans la nourriture influence la perception du gras. « Plusieurs aliments très gras sont aussi riches en sel ou en sucre, comme les croustille­s ou les desserts, expliquet-elle. Ces résultats pourraient donc être utiles à l’industrie. Cela permettrai­t aux transforma­teurs de comprendre les enjeux de santé et d’en tenir compte dans le développem­ent de leurs produits. »

 ??  ?? Selon son profil génétique, une personne pourrait expériment­er une sensation très intense, voire désagréabl­e, lorsqu’elle mange certains aliments amers comme des choux de Bruxelles ou du brocoli.
Selon son profil génétique, une personne pourrait expériment­er une sensation très intense, voire désagréabl­e, lorsqu’elle mange certains aliments amers comme des choux de Bruxelles ou du brocoli.
 ??  ?? Daiva Nielsen avec son bébé Remi.
Daiva Nielsen avec son bébé Remi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada