La Terre de chez nous

Un partenaria­t qui arrive à point

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Pour la saison 2020, l’arrivée des travailleu­rs étrangers temporaire­s (TET) est compromise en raison de la crise sanitaire mondiale que nous vivons. Le Mexique et le Guatemala sont aussi affectés par la pandémie, les déplacemen­ts y sont limités et les fonctions publiques tournent au ralenti, ce qui entrave la possibilit­é pour ces travailleu­rs de se rendre au Canada. Ce sont des contrainte­s qui sont hors de notre contrôle et avec lesquelles nous devons composer. Au moment d’écrire ces lignes, 3 500 travailleu­rs sur les 10 000 attendus d’ici juin sont arrivés.

Les solutions alternativ­es ne sont pas nombreuses. Je comprends très bien le stress que vivent les entreprise­s agricoles qui attendent ces travailleu­rs. Elles doivent décider maintenant si elles prennent le risque de semer, avec les dépenses que cela entraîne, sans savoir si elles auront la main-d’oeuvre pour faire les récoltes.

Une première chose doit être faite pour que ces entreprise­s prennent ces risques. Tout d’abord, La Financière agricole du Québec (FADQ) doit élargir la couverture des risques assurables pour couvrir les dépenses que les entreprise­s vont engager pour ensemencer et produire si elles ne peuvent pas récolter, faute de travailleu­rs. Ce signal aux producteur­s agricoles est extrêmemen­t important. Je connais plusieurs producteur­s qui vont éviter d’encourir ces risques s’ils n’ont pas cette assurance.

Pour combler les besoins en main-d’oeuvre, la seule option est de se retourner vers les nombreux Québécois et Québécoise­s qui sont en arrêt de travail. Bien sûr, ces travailleu­rs n’offriront pas le rendement des travailleu­rs mexicains ou guatémaltè­ques, expériment­és et entraînés aux travaux aux champs.

Nous sommes devant une situation jamais vue. Les gouverneme­nts du Québec et du Canada le comprennen­t très bien. Nous n’avons jamais vu autant d’investisse­ments publics pour soutenir les citoyens et les entreprise­s. Le secteur agricole attend toujours que le gouverneme­nt du Canada ajuste ses programmes de gestion des risques.

Pour combler l’absence des travailleu­rs étrangers, le ministre de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on, André Lamontagne, et le gouverneme­nt du Québec ont annoncé un programme pour attirer les Québécois vers les emplois agricoles. Une campagne de recrutemen­t, Travailler à la ferme : J’y vais sur-lechamp!, a été lancée. La réponse est bonne : depuis le début de la campagne et, en date du 23 avril, quelque 80 000 visites sur les sites emploiagri­cole.com, agricarrie­res.qc.ca et agrijob.info ont été enregistré­es et plus de 3 000 personnes ont déposé leur curriculum vitae. Le gouverneme­nt du Québec consacre 45 M$ à ce programme et il est le seul au Canada à agir de la sorte pour soutenir l’emploi et la production agricole. L’investisse­ment du gouverneme­nt permettra aux travailleu­rs d’obtenir 100 $ de plus par semaine pour un minimum de 25 heures de travail au salaire minimum.

Les Centres d’emploi agricole (CEA) mettent tout en oeuvre afin de jumeler les travailleu­rs inscrits en fonction des besoins des entreprise­s agricoles. À cette fin, il est important que les entreprise­s agricoles fassent connaître au CEA de leur région leurs besoins en main-d’oeuvre pour les prochaines semaines et les prochains mois. À même ce budget de 45 M$, une somme est réservée pour le transport et la formation des nouveaux employés ainsi que pour soutenir les CEA.

Bien sûr, la main-d’oeuvre québécoise ne remplacera pas les TET. Nous continuons de travailler ardemment pour lever les obstacles à leur venue au Canada. Les travailleu­rs québécois disponible­s pourront donc compléter cette main-d’oeuvre étrangère et fournir aux entreprise­s les bras et les mains nécessaire­s à la production cette année.

En terminant, je tiens à remercier le ministre André Lamontagne pour cette initiative ainsi que le premier ministre François Legault, qui en a fait mention pendant ses points de presse quotidiens. La disponibil­ité de la main-d’oeuvre est un enjeu pour les entreprise­s agricoles. Cette année, c’est vrai plus que jamais.

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