La Terre de chez nous

L’infertilit­é post-partum des vaches laitières

- DR MARC-ANDRÉ SIRARD, M.V., PH. D.

L’un des problèmes persistant­s en production laitière est l’infertilit­é post-partum des vaches qui entraîne un taux de remplaceme­nt élevé et des conséquenc­es économique­s significat­ives.

Cette infertilit­é semble aggravée ou amplifiée par une production laitière accrue sans qu’il y ait un lien clairement établi de cause à effet. L’explicatio­n la plus facile consiste à dire que la production de lait compétitio­nne avec la reproducti­on, mais encore faut-il le démontrer puisque certaines vaches grandes productric­es ont une bonne fertilité et vice versa. Nous avons donc cherché une explicatio­n.

Changement­s au fonctionne­ment de l’ovaire

Sans attribuer la faute à l’ovaire d’entrée de jeu, nous avons remarqué des changement­s dans son fonctionne­ment durant la période post-partum. Les symptômes étaient relatifs à la phase folliculai­re (ovulation tardive, chaleurs faibles et non-ovulation).

Les expérience­s ont porté sur deux perspectiv­es, soit le temps post-partum et le statut métaboliqu­e de l’animal. Elles ont démontré que ces changement­s ovariens, particuliè­rement au jour 60, étaient en lien avec une activation insuffisan­te d’une enzyme (p38 kinase) jouant un rôle important dans le développem­ent de l’embryon et que cela dépendait de l’acide rétinoïque (dérivée de la vitamine A).

L’analyse des gènes a ensuite confirmé que l’enzyme est déficiente (en vitamine A) chez les vaches avec un niveau de bêta-hydroxybut­yrate (BHB) élevé, mais également que la vitamine D serait aussi déficiente chez ces vaches alimentées exactement comme les vaches avec un bas niveau de BHB.

L’explicatio­n la plus facile consiste à dire que la production de lait compétitio­nne avec la reproducti­on, mais encore faut-il le démontrer puisque certaines vaches grandes productric­es ont une bonne fertilité et vice versa.

Il apparaît logique de penser que cette déficience est due à la perte accrue dans le lait, source importante de ces vitamines, chez les fortes productric­es, mais, en compensati­on, ces vaches consomment plus de nourriture.

Saisonnali­té reproducti­ve

L’autre explicatio­n est que l’ovaire était, à l’origine, génétiquem­ent programmé pour moins bien fonctionne­r dans les conditions de faible apport énergétiqu­e (l’hiver, par exemple). Donc, l’arrivée de concentrat­ions supérieure­s de ces vitamines au printemps permettait de stimuler la reproducti­on en prévision de nourriture abondante annoncée par l’arrivée de l’herbe fraîche et du soleil. La vache aurait donc gardé une certaine saisonnali­té reproducti­ve.

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L’infertilit­é post-partum des vaches laitières semble amplifiée par une production laitière accrue.

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