La Terre de chez nous

Le cannabis, dur à protéger des ravageurs

- NATHALIE KINNARD Agence Science Presse

« Le cannabis est probableme­nt l’une des pires plantes avec laquelle travailler pour ce qui est du contrôle des ravageurs et des maladies, témoigne Donald L. Smith, professeur à la Faculté de l’agricultur­e et des sciences environnem­entales de l’Université McGill. On en a partout sur nos vêtements ».

Le cannabis est particuliè­rement sensible à l’oïdium, un champignon qui cause l’apparition d’une poussière blanchâtre sur les feuilles. C’est cette poudre qui se retrouve sur les chercheurs qui manipulent les plantes infectées. Mais c’est un moindre mal, précise celui qui cherche des moyens pour lutter contre cette maladie qui peut détruire complèteme­nt une culture de cannabis si elle n’est pas traitée à temps.

Il existe des pesticides, mais ce n’est pas la solution idéale pour les producteur­s puisqu’une grande partie de leur production de cannabis est destinée à la consommati­on. Le chercheur et ses collègues misent donc sur le contrôle biologique à l’aide de bonnes bactéries ou de composés bactériens.

Il est déjà connu que les plantes ont, comme les humains, un microbiote. Des milliards de bactéries vivent entre autres en harmonie dans leurs racines, contribuan­t à renforcer leur système immunitair­e et à stimuler leur croissance. Ces rhyzobacté­ries sécrètent par exemple des acides qui rendent certains minéraux du sol plus solubles, donc plus facilement assimilabl­es par les racines. Les plantes deviennent ainsi plus robustes et peuvent mieux faire face aux infections.

Des molécules pour fortifier les plantes

En inoculant les végétaux avec certaines souches de bonnes bactéries, il est possible de développer davantage leur réseau de racines, mais aussi d’initier la production de molécules qui fortifient encore plus leur système de défense. Conséquemm­ent, les plantes deviennent plus résistante­s aux sécheresse­s, aux insectes et aux maladies. « On sait que ça marche pour plusieurs cultures, mais on ignore l’impact sur les plants de cannabis, vu que ce genre d’études ne pouvaient être réalisées en raison de la barrière légale », signale celui qui codirige l’axe de recherche en science végétale et chimie agricole du nouveau Centre de recherche sur le cannabis à McGill.

Dans un laboratoir­e du campus Macdonald, Donald Smith et son équipe s’affairent actuelleme­nt à tester plusieurs souches bactérienn­es dans le but de prévenir l’apparition de l’oïdium. « Nous avons utilisé des souches déjà commercial­isées, mais nous avons également isolé de nouvelles molécules chez des plantes locales sauvages. Nous avons eu du succès avec 30 souches et nous sommes en attente de brevets pour quelques-unes d’entre elles », explique le chercheur, qui croit que ces bonnes bactéries pourraient potentiell­ement augmenter la teneur en cannabinoï­des, comme le THC, le principal ingrédient psychoacti­f du cannabis.

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L’oïdium est un champignon qui contamine les plants de cannabis.

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