Le seul abattoir en Abitibi veut devenir provincial ROUYN-NORANDA –
Les propriétaires de la Boucherie Des Praz sont bien décidés à troquer leur permis d’abattage de proximité pour la licence provinciale en Abitibi, même si cela nécessite des investissements de 2,5 M$ et que plusieurs autres avant eux ont connu des ratés dans la région.
Depuis 15 ans, l’Abitibi-Témiscamingue ne compte aucun abattoir provincial sur son territoire. François Gendron, député en Abitibi-Ouest de 1976 à 2018, rappelle que deux établissements de ce type étaient autrefois en activité à La Sarre et à Amos. Ces abattoirs, se souvient-il, auraient fermé dans les années 1990 et 2000, en raison de problèmes de rentabilité. Au tournant de 2005, un autre projet d’abattoir, mobile, à sceau provincial, a vu le jour en Abitibi, pour finalement mourir dans l’oeuf à son tour.
Qu’à cela ne tienne. Christel Groux et Sylvain Fleurant ont racheté, en 2017, l’abattoir de proximité – le seul en Abitibi – et la boucherie appartenant à la famille Gélinas, à Rouyn-Noranda. En allant chercher la certification provinciale, le couple estime pouvoir rentabiliser les coûteuses installations requises pour répondre à de nouvelles normes, grâce à l’ouverture du marché pour la commercialisation de la viande que permet ce sceau.
Le permis d’abattage de proximité permet actuellement aux nouveaux propriétaires de vendre, au comptoir de leur boucherie, divers produits issus de boeufs ou de porcs qu’ils abattent et transforment eux-mêmes. Les animaux proviennent de leur élevage ou de producteurs partenaires. « En plus de notre boucherie, la certification provinciale va nous permettre de vendre nos produits dans les épiceries et les restaurants, chose que nous ne pouvons pas faire en ce moment. On fera beaucoup plus de ventes », prévoit Christel Groux, calculant que 80 % de son chiffre d’affaires reposera sur la commercialisation de viande et 20 % sur les forfaits d’abattage. Actuellement, le ratio est plutôt de 50-50.
« On va miser beaucoup plus sur la commercialisation de nos produits, parce que l’ouverture du marché nous permettra de le faire », ajoute-t-elle, estimant que les forfaits d’abattage et de découpe à eux seuls ne suffisent pas à rentabiliser un abattoir provincial.