La Terre de chez nous

Aux commandes de l’une des plus vieilles érablières du Québec

- JOHANNE MARTIN jmartin@ laterre.ca

DONNACONA – Michel Beaudry raconte avoir choisi le nom de son entreprise agricole, Le Patriote, après s’être un jour adonné au visionneme­nt d’un film sur la révolte de 1867 contre le conquérant anglais. Rien d’étonnant pour cet acériculte­ur féru d’histoire, qui est à la tête de l’une des plus vieilles érablières du Québec.

En 1669, Léonard Faucher dit Chateauver­t s’est installé là où ses descendant­s ont ensuite perpétué la tradition familiale. En bordure du Saint-Laurent, sur une parcelle située à Donnacona, dans la MRC de Portneuf, les lieux sont occupés par une même lignée depuis les débuts de la Nouvelle-France, soit 14 génération­s. C’est d’ailleurs sur la route Beaudry que la cabane à sucre est exploitée par ce clan tissé serré.

« Comme tous les colons, Léonard Faucher dit Chateauver­t, qui a épousé une fille du Roy, comptait sur son érablière pour combler les besoins en sucre de sa famille tout au long de l’année. Je m’intéresse beaucoup au passé parce que mon grand-père, Aloysius, était très connaissan­t en géographie, en histoire et en politique. Il avait aussi une mémoire phénoménal­e », raconte Michel Beaudry.

Après avoir cultivé la terre et trait des vaches pendant 53 ans, le septuagéna­ire ne conserve aujourd’hui que son érablière de 6 000 entailles et les lots à bois qu’il continue de bûcher en compagnie de son beau-frère. Voilà 16 ans, Michel a cédé ses terres agricoles à son fils aîné, Élie, et au printemps, c’est le deuxième de ses enfants, Josué, qui vient lui donner un coup de pouce pour « chauffer l’évaporateu­r ».

Modernisat­ion graduelle

« Quand je suis devenu propriétai­re, en 1963, j’ai commencé avec 600 érables et par la suite, j’ai racheté plusieurs fois de la terre. Celle-ci s’étend maintenant du fleuve à la rivière Jacques-Cartier, indique le producteur acéricole. Durant les 15 premières années, j’ai utilisé des chevaux. En 1978, alors qu’Élie n’était âgé que de huit jours, nous nous sommes modernisés et la tubulure a fait son arrivée. »

L’été dernier, un évaporateu­r au bois à haute efficacité énergétiqu­e avec lave-pannes intégré a remplacé le finisseur et l’ancienne bouilloire de 6 pieds par 16. Ces vieux équipement­s – et d’autres accessoire­s également – ont dû céder leur place à du matériel répondant à la nouvelle norme californie­nne sur le plomb. Dans les années à venir, Josué envisage de hausser de 2 500 le nombre d’entailles.

En plus de la production en barils, les Beaudry transforme­nt leur sirop en une dizaine de produits. « À mes tout débuts, le gallon se vendait 4,50 $ et le pain de sucre, 45 cents », souligne Michel Beaudry, plongé dans ses souvenirs.

 ??  ?? L’érablière de Michel Beaudry se trouve sur des terres occupées par une même lignée depuis les débuts de la Nouvelle-France.
L’érablière de Michel Beaudry se trouve sur des terres occupées par une même lignée depuis les débuts de la Nouvelle-France.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada