La Terre de chez nous

Un virage Web dans l'urgence

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

Face à la pandémie, des producteur­s éprouvés par les mesures de distanciat­ion se sont tournés « sur un 10 cents » vers les sites Web transactio­nnels. Les ventes semblent au rendez-vous, comme pour la fromagère Caroline Tardif. Mais ce virage n’est pas facile pour tous.

En pleine crise de la COVID-19, de nombreux producteur­s et commerçant­s se sont rapidement organisés pour traiter avec les clients sur le Web. Si plusieurs ont flairé la bonne affaire, tout n’est pas rose avec le système D pour lequel ils ont opté.

Dès le début de cette nouvelle ère de distanciat­ion sociale, plusieurs producteur­s agricoles se sont tournés vers de nouvelles avenues transactio­nnelles et ont ainsi contribué à l’explosion des plateforme­s d’achats et boutiques en ligne sur le Web.

Ils ont senti que leur survie en dépendait.

Ainsi, bien avant que le ministère de l’Agricultur­e (MAPAQ) octroie une aide de 50 000 $ à l’Associatio­n des marchés publics du Québec pour lancer son site transactio­nnel le

16 mai, le président du Marché public de Granby et région, Dominic Châtelain, avait déjà parti le bal à la mi-mars.

« On ne pouvait pas attendre que le gouverneme­nt nous aide. On s’est pris en main… il fallait agir », lance celui qui est aussi éleveur ovin à Roxton Falls, en Montérégie. Ce dernier avait réussi à réunir une quinzaine de producteur­s en trois jours et aujourd’hui, ils sont 26 entreprene­urs agricoles à vendre leurs produits du terroir par l’entremise de leur nouveau site Web transactio­nnel. Et les ventes sont définitive­ment au rendez-vous.

Les clients payent leurs commandes via le site, puis ils se rendent au point de cueillette les vendredis et samedis. On y offre le service à l’auto. « Au début de la crise, on avait peur pour nos ventes. […] Mais finalement, ça a créé un mouvement social. L’argent reste dans la région », e estime stime Dominic Châtelain. La produc- r roductrice maraîchère Annie Pion, io on, de la Ferme des 3 clefs, s’est jointe in nte au projet de ce marché public, c , mais aussi au populaire marché é d’alimentati­on en ligne Maturin, n , environ un mois avant le début ut t de la crise. Dans les deux cas, quand anda on lui a proposé ces nouvelles f façons de vendre ses cultures en s serre, erre, Mme Pion n’a pas pris le temps m mps de réfléchir. « Dans la vie, ie e, il faut être capable de se revirer sur un 1 10 cents. Et c’est ce que j’ai fait! Je n’ai pa pas as eu peur d’embarquer dans le train. »

De petites épiceries

À Mercier, la propriétai­re de la Fromagerie ma agerie Ruban bleu, Caroline Tardif, a profité fité éd de l’expertise d’une nouvelle employée, Lydia, pour lancer sa boutique en ligne. Un projet qu’elle repoussait constammen­t, jusqu’à ce que la crise éclate. «Elle [Lydia] a carrément sauvé l’entreprise. Toute seule, je n’aurais jamais pu faire ça », admet-elle, sans détour.

Afin de limiter les risques de contagion au sein de sa petite équipe, l’entreprene­ure a fermé ses deux boutiques en mars; celle de la chèvrerie et l’autre basée à Châteaugua­y. Elle a dès lors enregistré des pertes de revenus de 25 %. Mais au cours du mois d’avril, ses baisses ont été limitées à 15 % avec sa boutique en ligne. Et en plus de vendre ses fromages, yogourts, petits fruits et pots de miel, elle distribue maintenant les produits d’une dizaine d’agriculteu­rs de sa région qui sont venus « cogner à sa porte ».

Chaque semaine, Caroline Tardif assure donc la livraison des paniers fermiers et tous les produits de sa petite épicerie locale. Marie-Chantal Houde, de la Fromagerie Nouvelle-France de Racine, a elle aussi lancé sa boutique en ligne en un temps record. Pour sa part, c’était surtout pour stopper l’hémorragie provoquée par le ralentisse­ment du secteur des HRI (hôtellerie, restaurati­on et institutio­ns), qu’elle desservait principale­ment avant la crise.

Le distribute­ur de fruits et légumes frais Hector Larrivée, à Montréal, a également épousé ce concept d’épicerie en ligne pour le grand public, il y a environ un mois. « On a perdu 85 % de notre corebusine­ss [coeur de nos affaires] avec les restaurant­s et on avait beaucoup de produits en entrepôt, indique la gestionnai­re Jessica Larrivée. Ça a commencé par un point de cueillette pour des paniers et maintenant, on fait la livraison. C’est devenu plus gros qu’on pensait », témoigne-t-elle.

« Dans la vie, il faut être capable de se revirer sur un 10 cents. Je n’ai pas eu peur d’embarquer dans le train. » – Annie Pion, productric­e maraîchère

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Le producteur bovin Jean-François Côté fait une livraison à l’auto pour l’un de ses clients (le député François Bonnardel) au Marché public de Granby et région.
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Dominic Châtelain
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