La Terre de chez nous

Coûts vs bénéfices d’un nouveau défi

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca

Tous les producteur­s qui se sont lancés dans cette nouvelle aventure numérique et transactio­nnelle ne regrettent pas leur choix. Mais s’ils font de bonnes affaires grâce au Web, ils ont dû investir argent et plus de temps que prévu pour s’adapter et continuer d’offrir des produits de qualité.

Plusieurs bénévoles ont dû mettre la main à la pâte pour lancer le site d’achats du Marché public de Granby et région. Cet effort collectif en a valu la chandelle, estime son président Dominic Châtelain, également producteur ovin. « On voulait garder un lien à long terme avec nos clients et on voulait faire notre projet à notre façon », soutient-il. Les ventes sont appréciabl­es, de l’ordre de 15 000 $ à 20 000 $ par semaine. Le long weekend de Pâques a d’ailleurs été très profitable, souligne M. Châtelain.

Grâce à cette nouvelle plateforme, mais aussi au marché d’alimentati­on numérique Maturin avec qui elle s’est associée avant la crise, Annie Pion de la Ferme des 3 clefs, a vu, elle, ses revenus exploser. Ses ventes ont bondi de 50 à 75 %.

Mais ce succès a un prix. La ferme doit remettre environ 10 % de ses ventes au marché et payer son abonnement à Maturin (voir encadré). Aussi, c’est plus d’ouvrage. « Il faut faire des stocks et plus de prévisions. Par exemple, il faut que je m’assure que les tomates seront mûres [au bon moment], dès la livraison au client. Je ne peux pas lui mettre des tomates ketchup en partant! » explique Mme Pion.

Toutefois, ces nouvelles avenues lui ont amené de nouveaux clients sans qu’elle ait eu à créer elle-même une boutique en ligne. « Jonathan Bélanger [propriétai­re de Maturin] est vraiment proactif et le Marché public de Granby est bien organisé. Pourquoi me casser la tête? » lance-t-elle.

Logistique complexe

En affaires depuis maintenant plus de deux ans, Jonathan Bélanger constate un fort engouement du grand public, mais aussi du milieu agricole pour son site et son expertise au temps du coronaviru­s. Une centaine de nouveaux producteur­s se sont joints au modèle d’affaires de Maturin depuis la mi-mars.

Selon lui, bien des producteur­s ont décidé de faire cavalier seul sans réaliser l’ampleur de la tâche. « Le défi est plus grand qu’on imagine. Il faut générer du trafic vers notre site et il faut s’assurer que le client reçoit sa livraison en bon état. Ça fait deux ans qu’on travaille là-dessus et qu’on veille à ce qu’il n’y ait pas d’erreurs [ dans la logistique et les commandes] », explique M. Bélanger. Ce dernier a d’ailleurs été mis à contributi­on dans la création du site transactio­nnel pour les 130 partenaire­s de l’Associatio­n des marchés publics du Québec.

Pour s’adapter à sa nouvelle réalité avec sa boutique en ligne hébergée sur le site Square, la fromagère Caroline Tarif, du Ruban Bleu, dit bien humblement qu’il leur « a fallu réapprendr­e à marcher », mais surtout, être hyper-organisés. « On avait sous-estimé toute la logistique. Les commandes rentrent par le site, mais aussi par courriel, par téléphone, par texto et via Facebook », énumère-t-elle. Mais malgré ce nouveau défi, l’entreprene­ure est déterminée à faire de cette aventure un succès, autant pour elle que pour les producteur­s qu’elle soutient.

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Plusieurs producteur­s ont sous-estimé le temps et l’investisse­ment nécessaire­s pour vendre euxmêmes en ligne.
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Jonathan Bélanger

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