La Terre de chez nous

Les Savaria quittent les îles de Bouchervil­le

- BORIS CHASSAGNE Collaborat­ion spéciale

La famille Savaria, qui cultivait sur les îles de Bouchervil­le depuis les années 1940, se retire de ce territoire, deux ans après avoir signé un bail de 15 ans avec le gouverneme­nt du Québec.

La Ferme Van Velzen et Fils, l’autre entreprise agricole active sur les lieux, confirme avoir signé au début avril un nouveau bail avec le gouverneme­nt et pris en charge les 200 acres qu’exploitaie­nt les Savaria. L’agriculteu­r Pierre-Paul Van Velzen dit regretter leur départ. « On avait une bonne complicité. On faisait les travaux de récolte ensemble, souligne-t-il. Mais la roue tourne. C’est un moindre mal. » L’agriculteu­r se réjouit que le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) n’ait pas profité de l’occasion pour reprendre les terres plutôt que de les remettre en location.

« C’est vraiment dommage parce que c’était des gens qui étaient dans ce domaine depuis longtemps», déplore le maire de Bouchervil­le, Jean Martel. Il précise que c’est « moins évident que ça ne l’était avant » pour les agriculteu­rs d’évoluer dans ce milieu-là.

Du côté du MFFP, qui gère le bail des agriculteu­rs, motus et bouche cousue concernant ce changement. On se contente de répondre qu’«à ce jour, les premières étapes du plan de transition vers les meilleures pratiques [environnem­entales et agraires] ont été réalisées et la collaborat­ion des producteur­s agricoles est excellente». Rien sur le départ de Savaria & Frères, Jardiniers, basés à Varennes. L’un des associés, Robert Savaria, a d’ailleurs refusé de commenter lorsque La Terre l’a contacté.

Cinq ans d’incertitud­e

Rappelons que plusieurs groupes s’étaient inquiétés dès 2013 des effets pervers de l’activité agraire sur la flore et la faune des îles de Bouchervil­le. Au bout de plusieurs années de discussion­s, de consultati­ons et d’incertitud­e, le gouverneme­nt a finalement signé en 2018 un nouveau bail de 15 ans avec les deux entreprise­s agricoles présentes sur les îles.

On leur a en échange imposé une série de mesures et de pratiques agroenviro­nnementale­s, dont l’aménagemen­t de bandes riveraines et de haies brise-vent, l’absence d’organismes génétiquem­ent modifiés ainsi que l’imposition de zones réduites d’épandage d’herbicides. Québec a également exigé la rotation d’un minimum de trois cultures. « Cette pratique était déjà un peu dans notre régie», mentionne Pierre-Paul Van Velzen.

Ce dernier réitère son intention de ramener, de manière très graduelle, le maïs sucré sur les îles, étant donné le microclima­t qui y serait favorable. « On a fait des analyses d’écoulement d’eau », souligne l’agriculteu­r, ajoutant que le drainage des terres devra être amélioré au préalable.

 ??  ?? Savaria et Frères, l’une des deux fermes à cultiver sur les îles de Bouchervil­le, vient de quitter le navire. La Ferme Van Velzen et Fils a repris son bail.
Savaria et Frères, l’une des deux fermes à cultiver sur les îles de Bouchervil­le, vient de quitter le navire. La Ferme Van Velzen et Fils a repris son bail.
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Pierre-Paul Van Velzen
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Jean Martel

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