La Terre de chez nous

Interdit d’interdire les sorties aux TET

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

Très craintifs à l’idée que des cas COVID-19 ses manifesten­t à leur ferme, certains producteur­s ont songé à interdire les sorties à leurs travailleu­rs étrangers temporaire­s (TET), même après la période de quarantain­e. Or, cette avenue contrevien­t à la Charte des droits et libertés, préviennen­t le Réseau d’aide aux travailleu­ses et travailleu­rs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

Selon le porte-parole du RATTMAQ, Michel Pilon, deux travailleu­rs ont rapporté à son organisme avoir reçu des avis disciplina­ires parce qu’ils sont sortis du périmètre de la ferme après la période d’isolement de 14 jours.

L’Union des producteur­s agricoles (UPA) a d’ailleurs senti le besoin de rappeler aux agriculteu­rs dans une infolettre que leurs employés, étrangers ou non, ont des droits : « Après la quarantain­e, les travailleu­rs sont soumis aux mêmes règles de circulatio­n que nous tous. Ils peuvent donc sortir de la ferme s’ils le souhaitent et l’employeur a le devoir de les sensibilis­er aux règles de circulatio­n, aux mesures de distanciat­ion sociale et aux risques de contaminat­ion. À cet égard, les achats en ligne peuvent éviter bien des déplacemen­ts. »

La Commission des droits de la personne a quant à elle laissé savoir que les TET peuvent porter plainte pour discrimina­tion si un employeur leur interdit les sorties. Des recours sont également possibles auprès de leur syndicat, s’ils en ont un, ou de la CNESST.

Des TET conscienti­sés

Le producteur Pascal Lecault, d’Oka dans les Laurentide­s, remarque que ses travailleu­rs, même après la quarantain­e, font le choix de limiter leurs déplacemen­ts. « D’habitude, ils aiment aller jouer au soccer. Mais cette année, comme ils n’ont pas le droit de se rassembler et comme il n’y a pas beaucoup de choses à faire dans le coin, ils évitent de se déplacer. Mais c’est leur décision. Moi, je ne les empêcherai­s jamais de sortir », témoigne-t-il. De son côté, le producteur de Saint-Jeande-l’Île-d’Orléans, Guy Pouliot, a choisi jusqu’ici de faire l’épicerie pour ses TET, mais affirme que ceux-ci sont libres de sortir comme tout le monde. « Ils sont conscients qu’ils doivent garder leurs distances et ils sont très respectueu­x des règles. Si la COVID-19 entrait à la ferme, ce serait dévastateu­r et ils le savent », souligne-t-il.

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Après la quarantain­e, les TET ont les mêmes droits de sortie que tout le monde, à condition qu’ils respectent la distanciat­ion physique.

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