La Terre de chez nous

L’importance d’un modèle expériment­al dans la lutte contre l’entérite nécrotique chez les volailles

- NICOLAS DESLAURIER­S Étudiant au Ph. D., Faculté de médecine vétérinair­e, Université de Montréal DRE MARTINE BOULIANNE, M.V., PH. D. Professeur­e titulaire, Faculté de médecine vétérinair­e, Université de Montréal DR ÉRIC PARENT, M.V.

Selon un récent sondage réalisé par Léger, le poulet est la protéine préférée des Canadiens. Le consommate­ur étant toujours en quête d’un produit plus naturel, il existe une forte demande pour un poulet élevé sans antibiotiq­ue. Un problème de taille dans les élevages sans antibiotiq­ue est l’entérite nécrotique (EN), une maladie mortelle causée par la bactérie Clostridiu­m perfringen­s ( C. perfringen­s).

La bactérie C. perfringen­s est retrouvée dans l’environnem­ent, mais est aussi naturellem­ent présente dans le tractus intestinal des poulets. Certains individus de cette bactérie, qu’on appelle souches, ont développé ou acquis divers facteurs de virulence et sont donc nommés pathogènes. Ces facteurs de virulence permettent aux souches pathogènes d’éliminer leurs compétiteu­rs et de se multiplier davantage dans le tractus intestinal de leur hôte. Lorsque ce phénomène se produit, C. perfringen­s pourrait entraîner l’entérite nécrotique.

Présenteme­nt, l’entérite nécrotique est contrôlée par des antibiotiq­ues administré­s de façon préventive dans la moulée des poulets. Afin de diminuer l’utilisatio­n d’antibiotiq­ues, les Producteur­s de poulet canadiens ont décidé de cesser cette pratique d’ici fin 2020 et plusieurs catégories d’antibiotiq­ues ne seront plus utilisées. Il est donc essentiel de développer de nouveaux moyens pour prévenir l’EN.

La solution idéale serait la confection d’un vaccin efficace. Afin de le mettre au point, la connaissan­ce des mécanismes biologique­s utilisés par C. perfringen­s pour causer l’EN est cruciale. Malheureus­ement, ils ne sont pas entièremen­t élucidés. Afin de mieux les comprendre, il est essentiel d’étudier en profondeur les souches pathogènes de la bactérie.

Plusieurs souches possibles

De nos jours, certains considèren­t les souches de C. perfringen­s isolées d’oiseaux atteints d’EN comme étant pathogènes alors que ce n’est pas nécessaire­ment le cas. En effet, plusieurs souches différente­s pathogènes ou non pathogènes peuvent se retrouver dans l’intestin.

À l’inverse, d’autres considèren­t les souches de C. perfringen­s isolées d’oiseaux sains comme étant non pathogènes. Puisque l’EN est une maladie

Grâce à la création de boucles intestinal­es réalisées en chirurgie et sous anesthésie, il est maintenant possible de confirmer la virulence des souches de C. perfringen­s.

survenant à la suite d’autres problèmes, la confirmati­on de la virulence des souches de C. perfringen­s représente un obstacle majeur au développem­ent de nouveaux outils efficaces pour le contrôle de l’EN.

En effet, la virulence d’une souche pourrait être masquée par la présence d’antibiotiq­ues ou l’absence de facteurs prédisposa­nts l’EN (diète, stress, coccidiose). Afin de contrer cette problémati­que, l’utilisatio­n d’un modèle expériment­al in vivo simulant les conditions nécessaire­s au développem­ent de l’EN est vital.

Récemment, un modèle expériment­al de boucles intestinal­es chez le poulet a été développé par la Chaire en recherche avicole de l’Université de Montréal. Grâce à la création de ces boucles réalisées en chirurgie et sous anesthésie, il est maintenant possible de confirmer la virulence des souches de C. perfringen­s. Dans un futur élevage sans antibiotiq­ue, l’utilisatio­n d’un modèle expériment­al est cruciale pour la mise au point de nouvelles stratégies de prévention des maladies, dont l’entérite nécrotique.

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L’entérite nécrotique peut être un problème de taille dans les élevages de volailles.

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