Douche froide sur le marché des bovins
Le marché des bovins commençait tout juste à se relever d’un automne particulièrement éprouvant, marqué par l’incendie de l’abattoir Tyson, au Kansas, et, plus récemment, par la fermeture de Ryding Regency, à Guelph. Les prix pour le printemps 2020 s’annonçaient enfin prometteurs. Malheureusement, la crise de la COVID-19 est venue jeter une douche froide sur cette embellie du marché. Dès les premiers jours de la crise, le marché à terme de Chicago enregistrait un recul de l’ordre de 30 %.
Le confinement a forcé la fermeture des restaurants qui représentent normalement un débouché important, notamment pour la filière du veau. Il est également plus difficile d’écouler certaines coupes de boeuf dans ce nouveau contexte de marché.
La multiplication des cas de COVID-19 parmi les employés a forcé l’arrêt de plusieurs abattoirs de taille importante. Ceux qui demeurent ouverts fonctionnent à capacité réduite en raison des mesures de distanciation et du taux élevé d’absentéisme.
Le tableau présente les prix des diverses catégories de bovins en date du 1er mai en comparaison avec ce qu’ils étaient tout juste avant le confinement. La chute des marchés est calculée de façon conservatrice puisqu’elle ne tient pas compte de la remontée des prix qui avait été anticipée pour ce printemps. De plus, le portrait est incomplet, en ce sens qu’il traduit mal la volatilité extrême à laquelle ont été soumis les marchés au cours des dernières semaines.
Bien que JBS, à Souderton en Pennsylvanie, soit de nouveau ouvert
et que Cargill, à High River en Alberta, ait annoncé sa réouverture partielle en date du 4 mai, les producteurs ne sont pas au bout de leurs peines pour autant. Les retards de mise en marché se sont accumulés et les chaînes d’abattage fonctionnent toujours au ralenti, ce qui maintiendra un effet baissier sur les prix pour encore un certain temps malheureusement.
— Ann Fornasier, agr., M.Sc. Agroéconomiste, Les Producteurs de bovins du Québec