La Terre de chez nous

Pourquoi les abattoirs?

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

Comme plusieurs abattoirs en Amérique du Nord qui ont fait face à des problèmes similaires depuis le début de la crise, l’usine de transforma­tion de viande Cargill de Chambly a été contrainte, la semaine dernière, de fermer ses portes temporaire­ment, après l’éclosion de 64 cas de COVID-19 parmi ses employés.

Cargill précise que les employés continuent de toucher un salaire durant l’arrêt des activités et que les animaux des éleveurs sont temporaire­ment redirigés vers d’autres établissem­ents partenaire­s. Il s’agit d’une deuxième installati­on au Québec à devoir fermer complèteme­nt en raison de la crise qui sévit, après l’usine Olymel de Yamachiche, qui a procédé au redémarrag­e progressif de ses activités vers la mi-avril.

Pourquoi les abattoirs?

Selon le professeur Jean-Pierre Vaillancou­rt, de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, qui se spécialise en biosécurit­é, l’environnem­ent souvent très humide et frais dans les abattoirs peut favoriser la survie d’un virus comme le coronaviru­s. « Je ne suis pas étonné que les usines de transforma­tion de viande soient particuliè­rement touchées par la crise », dit-il, ajoutant que plusieurs autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte, notamment le besoin en manipulati­on particuliè­rement élevé que requiert l’abattage de porc ou de dinde. « Ça exige beaucoup de travail manuel, et parce qu’ils sont très nombreux, les gens se retrouvent très rapprochés les uns des autres », note-t-il.

Le spécialist­e spécifie que les foyers d’éclosion peuvent aussi se former à l’extérieur des établissem­ents, par exemple, si des travailleu­rs étrangers vivent à plusieurs dans un même logement ou voyagent ensemble pour se rendre au boulot.

La vice-présidente des services techniques et réglementa­ires au Conseil de la transforma­tion alimentair­e du Québec, Christine Jean, remarque de son côté que les pratiques sont plus automatisé­es dans les usines de transforma­tion de légumes, de pommes de terre ou encore dans les boulangeri­es. « Les travailleu­rs y sont beaucoup moins nombreux que dans les abattoirs. C’est peut-être pour cette raison que ces usines sont, de façon générale, plus épargnées jusqu’ici », affirme-t-elle.

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Parmi les entreprise­s de transforma­tion agroalimen­taire, les abattoirs doivent davantage composer avec l’éclosion de cas de COVID-19 parmi leurs employés.
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Jean-Pierre Vaillancou­rt
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