Un milieu branché au quotidien
Le 12 mai, 9h32. C’est l’heure. Le ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, prend le téléphone pour joindre la conférence téléphonique qu’il anime tous les jours, ou presque, depuis maintenant deux mois. Ce matin-là, la conversation est déjà entamée entre les six représentants de la chaîne agroalimentaire et les trois attachés politiques de son cabinet. Le directeur général de l’Union des producteurs agricoles, Charles-Félix Ross, est justement en train d’exprimer les craintes des producteurs face à une éventuelle interdiction de faire de l’autocueillette, sujet sur lequel il compte demander des précisions au ministre. Après les salutations usuelles, le tour de table quotidien peut commencer.
Ce matin-là, la directrice du Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Sylvie Cloutier, est particulièrement préoccupée par les enjeux de maind’oeuvre dans les usines de la province et demande si l’annonce concernant le site de recrutement de la filière, baptisé À la table, sera bientôt faite. Elle raconte par la suite à LaTerre que ces appels quotidiens n’ont pas pour objectif d’établir des stratégies ou les pires scénarios à anticiper. Les membres de l’industrie et du gouvernement se parlent pour solutionner des problèmes du « daytoday », dit-elle.
Par exemple, lorsque l’euthanasie de poussins et d’oeufs ont fait les manchettes récemment, le sujet a été évoqué à la réunion, illustre pour sa part le vice-président principal des affaires coopératives, institutionnelles et développement durable chez Sollio Agriculture, Stéphane Forget. Il ajoute que « tout est fait » en ce moment pour ne pas en arriver au même point dans la filière porcine à cause du retard dans les usines de transformation québécoises.
D’ailleurs, selon le ministre Lamontagne, l’un des moments marquants de ces rencontres quotidiennes a été la mise en place de protocoles sanitaires dans les abattoirs après la fermeture de l’usine d’Olymel à Yamachiche. « Dans toute la crise, [réussir] à avoir des gestes concrets [comme les protocoles] qui ont collé à la réalité des usines, c’est un des accomplissements qui a été significatif », souligne-t-il.
Lorsque le gouvernement a interdit le déplacement interrégions à l’aube de la période des semis, c’est du transport que le président-directeur général de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière, Sébastien Lacroix, Lacro s’est inquiété. « Le transport, c’est majeur. ur. Nous, on voyait les camionneurs aussi importants tants que [...] les infirmières dans le sysystème de santé », dit-il. M. Lacroix x a ainsi pu obtenir un décret dérogatoire sur le poids des camions en période de dégel, plus chargés qu’à l’habitude pour combler le manque de camionneurs.
À la suite de e ces appels, le conseiller aux relations gouvernementales pour le Conseil canadien du commerce au détail, Francis Mailly, est fier d’avoir vu émerger le projet de maillage entre producteurs et détaillants pour faire face à la fermeture des hôtels, des restaurants et des institutions. De son côté, le directeur des affaires publiques et gouvernementales de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, Stéphane Lacasse, estime avoir ainsi pu sensibiliser la filière à l’augmentation des frais liés à l’utilisation plus fréquente des cartes de crédit dans les commerces et épiceries.