La Terre de chez nous

Bioplastiq­ue, un débouché pour les résidus agricoles

- CARINE TOUMA Agence Science-Presse

Et si on se servait de la matière résiduelle des champs pour emballer les aliments? Les bioplastiq­ues produits à partir des résidus de culture pourraient en effet remplacer une partie du plastique synthétiqu­e omniprésen­t dans les emballages alimentair­es, en plus d’offrir un débouché économique additionne­l aux agriculteu­rs.

« Nous pouvons sauver notre planète et offrir un avantage économique aux fermiers », croit Yixiang Wang, professeur adjoint au Départemen­t de sciences alimentair­es et de chimie agricole de l’Université McGill. Il étudie les matériaux à base de polymères naturels, comme la cellulose, pour développer des emballages biodégrada­bles et du même coup valoriser les matières agricoles résiduelle­s.

« Les résidus agricoles, comme les balles de riz ou les épis de maïs, contiennen­t beaucoup de polymères naturels », explique-t-il, ajoutant qu’on peut également utiliser le blé et le chanvre, entre autres. « Notre travail est d’en changer la forme. »

La matière première, que ce soit des résidus agricoles ou forestiers, doit d’abord être dissoute. Les biopolymèr­es, ainsi libérés de leur forme initiale, peuvent être façonnés en film plastique ou en sac, par exemple. Yixiang Wang cherche à mieux comprendre les propriétés moléculair­es et fonctionne­lles des polymères naturels afin de leur trouver de nouvelles applicatio­ns dans le domaine agroalimen­taire.

Principaux défis

Un problème persiste toutefois : le processus de transforma­tion des biopolymèr­es demeure plus dispendieu­x que la production de plastique synthétiqu­e. « Les matières premières, comme les balles de riz, ne sont pas chères, mais les étapes de transforma­tion le sont », reconnaît le chercheur.

Aussi, la majorité des bioplastiq­ues ne présentent pas, pour l’instant, les mêmes niveaux de souplesse ou de résistance que les plastiques synthétiqu­es. Avec un film de cellulose, par exemple, on peut faire des sacs pour des produits légers, comme du pain, des fruits et des légumes. À partir d’autres biopolymèr­es, comme des protéines ou de l’amidon, on peut fabriquer des ustensiles et des assiettes. « On ne dit pas qu’on va remplacer tous les plastiques; pour l’instant, c’est impossible. Notre objectif est de trouver les applicatio­ns propices», indique Yixiang Wang, qui mentionne que la recherche doit se poursuivre pour « améliorer certaines propriétés et rendre ces bioplastiq­ues plus utiles ».

Son équipe a récemment produit un film de cellulose à partir de papier recyclé. Un agent antimicrob­ien peut même y être intégré pour potentiell­ement faire des emballages actifs et limiter la croissance de bactéries sur les aliments.

Inspirées par ce film plastique, des étudiantes à la maîtrise et au doctorat ont aussi développé sous la supervisio­n de Yixiang Wang et de son collègue Benjamin Simpson une paille biodégrada­ble à partir de polymères issus de résidus agricoles et marins.

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Les plastiques issus de polymères naturels pourraient remplacer les emballages de plastique synthétiqu­e.
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Yixiang Wang

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