La Terre de chez nous

Une mémoire bien vivante pour le centenaire de la ferme

- DOMINIQUE WOLFSHAGEN Collaborat­ion spéciale

Situation extrême oblige, les Gagné doivent reporter le grand rassemblem­ent prévu ce mois-ci pour souligner le centenaire de leur ferme familiale. Cela ne les empêche pas pour autant de célébrer leur héritage. Par l’entremise de mémoires recueillis et d’un projet documentai­re, les Gagné racontent l’histoire de chaque génération en soulignant ce qui les unit, soit la fierté de nourrir leur communauté.

MAGOG – Au début du mois de juin 1920, le couple beauceron formé d’Éphrem Gagné et de Marie-Léa Landry s’établissai­t sur leur nouvelle terre à Magog. Durant les cent années qui ont suivi, l’entreprise familiale a traversé plusieurs changement­s. Après avoir produit du lait pendant près de sept décennies, elle s’est tournée vers la production de boeuf à la fin des années 1980, puis s’est progressiv­ement diversifié­e pour ajouter des oeufs, des légumes et du fourrage. Seule production constante : l’érablière, achetée par Éphrem à peine un an après l’acquisitio­n de la ferme et toujours exploitée à ce jour.

« Avec le temps, c’est sûr que ça a évolué, mais on a une belle entreprise et c’est le fun de la prolonger! On est fiers d’où on vient et d’où on s’en va! » affirme Jean-François Gagné, arrière-petitfils des fondateurs qui opère la Ferme Gagné Magog Inc. depuis le début des années 2000. Sa conjointe, Mélodie Veilleux, a rejoint l’entreprise quelques années plus tard.

Pour Jean-François, comme pour les autres Gagné, il est important de souligner la contributi­on de chaque génération. Il y a d’abord celle de son arrière-grand-père Éphrem, fondateur visionnair­e qui se maintenait à la fine pointe de la technologi­e de l’époque, puis celle de son grand-père Jules, infatigabl­e travailleu­r oeuvrant aussi auprès de divers regroupeme­nts agricoles et enfin celle de son père Pierre, impliqué en politique et dont le troupeau laitier a mérité de nombreux honneurs.

Il est aussi important pour les Gagné de souligner le rôle essentiel qu’ont joué les conjointes, à commencer par la fondatrice Marie-Léa, qui a tenu la maison de façon exemplaire et ordonnée — un exploit considéran­t qu’elle s’occupait de 17 enfants. Rita (la femme de Jules) puis Christine (la mère de Jean-François) ont quant à elles été des gestionnai­res avisées et rigoureuse­s, insiste le producteur.

Immortalis­er l’héritage

« Transmettr­e la mémoire de nos ancêtres, c’est apporter la pierre de chacun à l’édifice de l’histoire, aussi modeste soit-elle », écrit la 12e enfant d’Éphrem et de Marie-Léa, Carmelle Gagné Gauvin, en conclusion de ses mémoires rédigées pour préserver l’histoire familiale.

Gardant cet objectif en tête, Mme Gagné Gauvin a aussi convaincu son fils, Simon Gauvin, de réaliser une série documentai­re. Le projet amorcé il y a deux ans et toujours en cours présente notamment des entrevues avec les cinq enfants toujours en vie de la 2e génération, soit Madeleine, Carmelle, Lionel, Huguette et Claude.

Selon Simon Gauvin, ces vidéos présentent un intérêt pour un plus large public, puisqu’elles brossent le portrait d’un Québec pas si lointain, mais méconnu, où les producteur­s laitiers découpaien­t encore la glace des lacs l’hiver.

Les premiers épisodes du projet sont accessible­s en ligne au simongauvi­n.site.

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Depuis qu’ils sont petits, Loïc et Julien, issus de la 5e génération, suivent leurs parents Jean-François Gagné et Mélodie Veilleux à la ferme familiale. « Comme moi j’ai suivi mon père! » souligne Jean-François.
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Éphrem et Marie-Léa devant leur maison de Magog, une quinzaine d’années après son acquisitio­n.

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