La Terre de chez nous

Qui sème de l’orge récolte du whisky

- GENEVIÈVE QUESSY Collaborat­ion spéciale

MIRABEL – Depuis décembre, la Distilleri­e Côte des Saints produit un gin à partir de l’orge récoltée dans ses propres champs situés à Mirabel dans les Laurentide­s. Le whisky qui sommeille dans ses barils de cherry et de bourbon sera prêt pour la dégustatio­n dans trois ans.

« En démarrant notre projet, il y a quatre ans, on a réfléchi à ce qu’il fallait réunir comme conditions pour produire le meilleur whisky au monde. Contrôler la qualité du grain qui allait servir à produire notre alcool de base, en le cultivant nous-mêmes, nous a semblé incontourn­able », raconte Jean Dubé, l’un des huit actionnair­es de la ferme-distilleri­e.

Quelque 250 tonnes de grains d’orge de qualité brassicole sont produites chaque année sur les 57 arpents de terre qui entourent la distilleri­e. Avec cette quantité de grains, les distillate­urs s’attendent à produire environ 300 litres de whisky et 3 500 caisses de 12 bouteilles de gin par année.

Le choix de la qualité

Produire sa céréale et distiller son propre alcool de base n’est pas vraiment une solution économique, mais plutôt un choix en faveur de la qualité, explique Denis Guindon, un autre actionnair­e. « Ça ne revient pas moins cher, au contraire. En plus, il faut trois semaines pour produire un alcool de grain, alors qu’utiliser un alcool de base déjà fait permet de mettre un gin en marché en moins de dix jours. »

L’eau de source utilisée dans l’élaboratio­n de l’alcool provient de l’un des trois puits artésiens de la ferme. Les deux autres servent à tirer l’eau requise pour le refroidiss­ement de l’immense alambic de 750 gallons.

Basé sur le principe de la géothermie, le système retourne ensuite l’eau à la terre. Rien ne se perd donc.

« Tout ce qu’on est en mesure de produire sur place et qui apporte une plus-value, on va le produire ici, mais pas au détriment de la qualité. Pour le genièvre, on a expériment­é des baies de 20 pays différents avant de faire notre choix », explique Jean Dubé. Et ce n’est pas celle du Québec qui l’a emporté, mais une baie de genièvre en provenance de l’Europe de l’Est.

Pour l’instant, l’orge récoltée est encore envoyée à la malterie Innomalt, de Sherbrooke, où le grain est mis à germer avant d’être séché afin d’en transforme­r l’amidon en sucre. Par contre, tous les équipement­s sont disponible­s à la ferme pour le maltage et le fumage des grains. « Éventuelle­ment, c’est ce que nous ferons dans le futur. Notre objectif est de faire du whisky tourbé », annonce Jean Dubé.

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Le distillate­ur Matt Strickland et les actionnair­es Jean Dubé et Denis Guindon, devant l’alambic qui sert à distiller l’alcool produit à partir de l’orge de la ferme de Mirabel.
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