La Terre de chez nous

Le sommeil, le mal-aimé de l’agricultur­e

- HÉLEN BOURGOIN, T.E.S. Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec

Lorsqu’on parle de bien-être humain, un des premiers signes que quelque chose ne va pas passe souvent par l’alimentati­on et par le manque de sommeil. Malheureus­ement, en agricultur­e, dormir est souvent la dernière des priorités. Avec l’arrivée du beau temps et les travaux à faire au champ, il n’est pas rare de voir les producteur­s plus fatigués. Et si, pour une fois, on prenait le temps de prioriser un sommeil réparateur?

« Je ne sais même pas c’est quoi une bonne nuit de sommeil », raconte Jean-Pierre, un producteur maraîcher dans la cinquantai­ne. Avec la saison qui commence « à plus que temps plein » pour lui, il « ne pourra pas ben, ben dormir ». Dès qu’il fait beau, il s’occupe de ses serres. Sans compter qu’il passe la majorité de son temps dans son entreprise familiale. « Je ne me rappelle pas avoir vu mon père prendre congé ni même arrêter de travailler », évoque-t-il. En agricultur­e, « on sait à quelle heure on se lève, mais jamais quand on retrouve l’oreiller », dit-il en souriant. Avec les années, il réalise qu’il est plus rapidement fatigué et même plus irritable qu’avant.

Qu’est-ce qu’une « bonne nuit de sommeil »? Pour JeanPierre, c’est une nuit où il n’est pas tracassé par ses finances ou par l’avenir de sa ferme. C’est rentrer de bonne heure et dormir plus tôt. Pour d’autres, une bonne nuit de sommeil serait ne pas se réveiller ou simplement se lever de bonne humeur. L’important est de déterminer sa propre définition et tenter de s’y rapprocher le plus possible.

Vers un sommeil réparateur

Il existe quelques trucs simples pour aider à avoir un sommeil réparateur. Dans le cas de Jean-Pierre, le fait d’accepter qu’il a eu besoin d’aide et d’en parler à un profession­nel l’a grandement aidé. « J’ai perdu un poids qui me pesait sur les épaules, je me suis mis à arrêter de me tourmenter le soir et j’ai arrêté de me réveiller en panique », rapporte-t-il. Jean-Pierre n’extérioris­ait pas ce qu’il vivait et tout se passait durant son sommeil. La nuit, il rêvait à ses chiffres, à ses commandes d’engrais et à son érablière qui n’était pas assez rentable cette année. En parler lui a fait du bien. Bien sûr, ses problèmes financiers ne se sont pas réglés par magie, mais il a pu penser, durant le jour, à différente­s possibilit­és pour s’en sortir.

Avec le recul, Jean-Pierre a pu changer certaines mauvaises habitudes qui nuisaient à son sommeil. Il a cessé de prendre un café en soupant. Il a également évité les écrans avant d’aller au lit. « De toute façon, je m’endormais sur le divan, alors aussi bien aller direct dans mon lit », ajoute-t-il. Lors des moments plus angoissant­s, il s’est mis à écrire sur un papier ses craintes et ses peurs avant de fermer l’oeil. « Je n’écris pas un roman, juste des mots, pour me libérer la tête », précise-t-il. En faisant cela, l’agriculteu­r peut garder une trace de ce qui le tracasse et y revenir le lendemain à tête reposée. Il a également consulté son médecin pour vérifier qu’il n’avait pas de problème d’apnée du sommeil comme un de ses voisins aussi agriculteu­r.

Jean-Pierre a décidé d’avancer face à un défi de taille en consultant des profession­nels pour améliorer son sommeil. Il a mis des changement­s en place lui permettant d’être mieux et de profiter d’un sommeil réparateur. Tout n’est pas parfait, mais il s’est choisi et se donne le droit de s’améliorer.

« En agricultur­e, on sait à quelle heure on se lève, mais jamais quand on retrouve l’oreiller. »

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