La Terre de chez nous

Prévoir les impacts de la crise à long terme

- PIERRE LABONTÉ Président, Syndicat des producteur­s de grains biologique­s du Québec

Comme toute la population, les producteur­s de grains biologique­s suivent de près l’évolution de la situation. Au-delà des effets à court terme, il y a lieu d’anticiper des impacts sur nos marchés dans le temps.

D’abord, on perçoit davantage d’incertitud­e et de nervosité. En avril, un acheteur de l’Ouest canadien a dénoté des retards dans l’importatio­n de soya biologique pour l’alimentati­on animale, prévoyant une rareté. Au Québec, ceci a eu pour effet de réduire l’écart entre le prix du soya bio pour animaux et celui pour l’alimentati­on humaine. Malgré cela, une bonne gestion des approvisio­nnements devrait assurer des stocks suffisants à moyen terme pour les entreprise­s québécoise­s.

Rappelons par ailleurs qu’une part importante de notre production est exportée aux États-Unis. Sur ce front, certains exportateu­rs signalent un manque de conteneurs en raison des bouleverse­ments occasionné­s par la crise. Considéran­t ces éléments, une réorganisa­tion des canaux de distributi­on pourrait peut-être favoriser davantage l’achat local à l’avenir.

Du côté des opportunit­és, le confinemen­t des familles a fait ressurgir la tradition du pain maison, faisant ainsi bondir la demande pour la farine de blé biologique. Bonne nouvelle pour nous, mais le déconfinem­ent signifiera-t-il un recul de cette tendance? Et que dire de l’effervesce­nce pour les protéines végétales, est-ce synonyme de nouveaux marchés pour le bio de chez nous?

Décidément, si le recul économique engendre une réduction de la consommati­on de produits biologique­s, particuliè­rement dans le secteur des viandes, observeron­s-nous un effet sur la demande pour les grains bios à moyen ou à long terme?

En attendant les impacts réels de cette crise, le Syndicat des producteur­s de grains biologique­s du Québec veille à ce que des outils adaptés aux besoins des producteur­s soient offerts. Une accessibil­ité accrue de notre journée des marchés en décembre par webdiffusi­on, des représenta­tions pour améliorer le programme d’assurance récolte, la mobilisati­on de la recherche au bénéfice de notre filière : voilà que quelques exemples d’actions sur lesquelles nous continuons de travailler.

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