La Terre de chez nous

Des microbes au service du biocarbura­nt

- NATHALIE KINNARD

« Les cinq premiers centimètre­s du sol agricole sont précieux, car ils abritent 75 % des microbes associés aux plantes », explique Donald Smith, professeur au Départemen­t des sciences végétales de l’Université McGill. Et cette communauté microbienn­e accomplit bien des tâches : elle recycle les nutriments, contrôle les maladies, réduit le CO atmosphéri­que, bonifie la structure du sol, retient une partie de l’eau et, ce faisant, constitue l’une des clés pour produire écologique­ment davantage de biocarbura­nts.

Le professeur Smith, qui dirige également le réseau de recherche BioFuelNet Canada, scrute donc le microbiome végétal à la recherche de microbes ou de composés microbiens pouvant stimuler les cultures destinées à la production de biocarbura­nts comme l’éthanol et le biodiésel.

Énergie verte

« Les biocarbura­nts sont écologique­s, car ils émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre que l’essence et ils sont produits à partir de résidus agricoles ou forestiers », explique le chercheur.

Afin d’éviter de concurrenc­er la production alimentair­e — comme ce fut le cas avec les biocarbura­nts de première génération, les producteur­s tentent de faire pousser sur des terres impropres à la culture commercial­e des plantes (par exemple, des herbacées) qui serviront à la production de biocarbura­nts. « C’est tout un défi, mentionne Donald Smith. Il y a de gros problèmes de productivi­té, car les plants doivent croître dans des sols moins riches, plus secs ou, inversemen­t, moins bien drainés. »

Le spécialist­e de l’interactio­n plantes-microbes pense que le microbiome végétal peut propulser le rendement de ces cultures. « Ce serait également une façon de rendre la production de biocarbura­nts plus rentable et de compétitio­nner le prix de l’essence. » En effet, parmi les obstacles qui barrent la route à l’essor des biocarbura­nts, il y a la baisse du prix du pétrole ces dernières années.

Les microbes à la rescousse

En laboratoir­e et sur le terrain, le chercheur et son équipe étudient ainsi le microbiome de plantes dites robustes et caractéris­ent les souches qui ont le potentiel de lutter contre les pathogènes et de stimuler la croissance des cultures dédiées aux biocarbura­nts. Ils ont aussi isolé des microbes candidats provenant de plants de maïs et de patates. « Nous avons également regardé du côté des souches microbienn­es déjà commercial­isées et utilisées pour augmenter le rendement des cultures commercial­es », ajoute-t-il.

Le scientifiq­ue teste actuelleme­nt sur des sols pauvres le pouvoir des différents microbes et composés microbiens identifiés par son équipe. « Les souches retenues pourront également être appliquées dans les champs agricoles alimentair­es pour faire face, notamment, aux sécheresse­s liées aux changement­s climatique­s », conclut-il.

Le microbiome végétal pourrait propulser le rendement des cultures poussant dans des sols pauvres ou affectées par la sécheresse.

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Cette culture d’herbacée est dédiée à la production de biocarbura­nt, au centre de recherche en agronomie Emile A. Lods situé sur le campus Macdonald, à Sainte-Anne-de-Bellevue.
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Donald Smith

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