Plus à l’écoute l’un de l’autre depuis le confinement
Viviane, une productrice porcine, constate que l’épreuve du confinement a fait traverser une véritable tempête à son couple. « Depuis le confinement, je me sentais plus irritable. C’est mon chum qui en subissait les conséquences », raconte celle qui a repris l’entreprise familiale en 2010 avec son conjoint. Comment mieux communiquer en couple tout en combinant vie familiale et entreprise agricole, et ce, pour mieux traverser les épreuves que la vie nous amène?
C’est après avoir perdu patience que Viviane a décidé de consulter une intervenante en relation d’aide. « La maison était sens dessus dessous. J’arrivais de la ferme et les enfants se chicanaient. J’ai sauté une coche. » Plus précisément, elle s’est mise à crier après les enfants et à reprocher à son mari de ne rien faire. « Je n’étais plus moi », confie-t-elle sur le bord des larmes. Entre la porcherie, la maison et le « pas d’école » des enfants, Viviane s’est sentie dépassée. « Je ne disais rien, j’encaissais comme un robot, j’étais sur le pilote automatique », se souvient-elle.
Quant au conjoint de Viviane, Serge, nul doute qu’en plus de vivre de la confusion, il marchait sur des oeufs. « Lorsque je l’aidais à la maison, ce n’était pas à son goût. Quand j’étais à la porcherie, elle me le reprochait. Si j’emmenais un jeune avec moi, elle chialait. Quand je la laissais seule avec les enfants, elle me traitait d’égoïste », raconte-t-il. Rapidement, le couple a ressenti le besoin de consulter. « On en est venu à la conclusion qu’on ne pouvait plus continuer de vivre avec cette pression et ce stress, autant à la maison qu’avec l’entreprise », poursuit la productrice.
Reconnaître et exprimer ses émotions
Au fil des rencontres – individuelles et de couple –, ils ont appris à nommer leurs sentiments, mais surtout à les reconnaître. « J’ai travaillé fort sur moi afin de me comprendre et de déchiffrer ce qui se passait à l’intérieur de moi », précise Viviane. Ce n’est pas facile de dire à l’autre qu’on est épuisé, qu’on veut de l’aide ou simplement de la reconnaissance. « Mon mari vient d’une famille agricole où le travail a toujours été la priorité. En famille, ils ne se disent pas les vraies affaires », ajoute-t-elle. Serge a donc dû apprendre à déléguer davantage de tâches à ses employés et à leur faire plus confiance. Viviane et lui ont travaillé également à nommer ce qu’ils attendaient l’un de l’autre. « Ce n’est pas facile, mais on s’en sort bien », dit la productrice en souriant.
Apprendre à exprimer ses sentiments et ses émotions à son partenaire est le premier pas vers une meilleure communication. Ensuite, apprendre à recevoir les propos de l’autre sans se sentir attaqué est la deuxième étape. Développer une meilleure communication dans son couple sera également utile à la ferme : « Je tenais pour acquises des tâches à faire ou je ne prenais pas la peine de reconnaître ses bons coups », ajoute Serge. Nul besoin d’avoir une communication parfaite; le simple fait de se trouver du temps à deux pour se parler a un effet positif. « Quand la pression monte, on va jaser dans le garage. Ça nous aide à mieux écouter l’autre, car c’est un endroit neutre », conclut le producteur porcin.
Bien communiquer est un art qui se développe. Dans un couple, les non-dits peuvent rapidement prendre toute la place et les interprétations de chacun sont souvent différentes. Le fait de nommer comment on se sent peut aider l’autre à mieux comprendre nos réactions et nos comportements. Pour Viviane et Serge, la tempête semble passée, mais la partie n’est pas encore gagnée.
« La maison était sens dessus dessous. J’arrivais de la ferme et les enfants se chicanaient. J’ai sauté une coche. »