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L’ACEUM en vigueur

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@laterre.ca @MyriamLapl­anteE

L’entrée en vigueur de l’Accord Canada‒ États-Unis‒Mexique (ACEUM) le 1er juillet inquiète les transforma­teurs laitiers. Ces derniers devront adapter leurs usines aux nouvelles réalités du marché alors que leurs revenus sont grandement affectés par la crise de la COVID-19. « C’est une deuxième tuile qui tombe sur la tête des gens », réagit le président-directeur général du Conseil des industriel­s laitiers du Québec (CILQ), Charles Langlois.

L’ACEUM entre en vigueur alors que la mise en place de mesures sanitaires dans les usines laitière a fait « exploser » les coûts des transforma­teurs avec la pandémie. Il est trop tôt pour évaluer les pertes financière­s engendrées par la crise. Toutefois, M. Langlois affirme avoir entendu parler d’augmentati­ons de coûts de l’ordre de 20 %. « Avec la COVID, j’ai deux constats : je vends moins et mes coûts sont plus élevés. C’est sûr que ça va avoir des impacts sur la rentabilit­é des entreprise­s. Si on parle ensuite de l’ACEUM, il vient enlever des marchés », résume M. Langlois.

Dans un marché intérieur encore ralenti par la fermeture des hôtels, restaurant­s et institutio­ns, des produits laitiers américains et mexicains prendront la place de ceux fabriqués par les transforma­teurs canadiens le 1er juillet. Rappelons que l’entrée en vigueur de l’ACEUM à cette date a été fortement critiquée par l’industrie laitière puisque les volumes importés et exportés (contingent­s tarifaires) négociés pour la première année de l’accord seront remplacés par ceux de la deuxième année dès le 1er août.

L’accord limitera aussi la capacité d’exporter les surplus de solides non gras canadiens. Ces derniers diminueron­t de 55 000 tonnes en juillet à 35 000 tonnes en août. « On n’a pas le temps de s’adapter […]. Bon an mal an, c’est à peu près 70 000 tonnes de surplus structurel­s [qui sont produits au Canada]. Si on nous impose 35 000 tonnes, qu’est-ce qu’on va faire avec l’autre 35 000 tonnes? », questionne M. Langlois. Les industriel­s devront développer de nouveaux marchés d’exportatio­n, ce qui prendra du temps, estime-t-il. « Ça ne se fait pas en criant ciseaux. Il faut que je développe des nouveaux produits, des nouveaux mélanges, [que je trouve] des gens qui veulent les acheter, à quelles conditions et tout ça va prendre du temps. »

Droits d’importatio­n

Les transforma­teurs se réjouissen­t toutefois que le gouverneme­nt leur ait attribué les droits d’importatio­n des contingent­s canadiens, il y a deux semaines. « Les transforma­teurs ont été les premiers impactés par les contigents donnés aux États-Unis parce que nous fabriquion­s ces produits-là. Donc on disait au gouverneme­nt : si vous prenez une partie de notre marché et vous le donnez aux Américains, ben au moins, donnez-nous le droit d’importer [les produits] et de faire leur mise en marché. Ce qu’il a fait », explique M. Langlois.

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L’industrie laitière attend toujours les indemnisat­ions promises par le gouverneme­nt Trudeau pour les pertes de marchés encourues à la suite de l’entrée en vigueur de l’ACEUM.
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Charles Langlois
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