La Terre de chez nous

L’épineux débat sur les pesticides se poursuit

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@laterre.ca

Le complexe et délicat débat sur les pesticides continue de faire du bruit dans le milieu agricole. Après Joël Laberge, ce producteur de miel de la Montérégie qui a perdu 800 ruches d’un coup le 5 juin, au tour de Nicolas Bélanger de faire une sortie pour signaler la mort du quart de ses abeilles l’an dernier, en Gaspésie. Les Apiculteur­s et apicultric­es du Québec assurent ne pas lancer la pierre aux producteur­s de grains lorsque pareille situation survient, mais souhaitent entamer des discussion­s avec eux pour trouver des solutions avantageus­es aux deux parties.

Pas équipé pour tester

Joël Laberge affirmait la semaine dernière avoir eu un suivi du ministère de l’Agricultur­e ( MAPAQ) quant à l’enquête effectuée sur la perte de ses ruches. Les équipement­s du MAPAQ, explique l’apiculteur de Saint-Stanislasd­e-Kostka, ne seraient pas adaptés pour détecter et tester adéquateme­nt les concentrat­ions de pesticides tels que le glyphosate et le dicamba. « Les tests n’ont pas été concluants, ça a sorti négatif », dit-il. Le MAPAQ, lui, a refusé à La Terre le droit de prendre connaissan­ce du résultat de l’enquête, expliquant ne pas pouvoir « commenter de cas particulie­rs, en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignem­ents personnels ».

Herbicides sous prescripti­on

« Nous nous positionno­ns contre certains produits et non contre les agriculteu­rs. Tout ce qu’on veut, c’est travailler avec les producteur­s », a commenté le président des Apiculteur­s et apicultric­es du Québec, Stéphane Leclerc, proposant notamment que tous les pesticides soient dorénavant appliqués sous prescripti­on. Le premier viceprésid­ent de l’organisati­on, Raphaël Vacher, ajoute avoir conscience que la mort d’abeilles peut être liée à plusieurs facteurs et pas juste à l’applicatio­n de pesticides. Plusieurs nuances, dit-il, sont à prendre en considérat­ion dans ce débat.

Le président des Producteur­s de grains du Québec, Christian Overbeek, estime quant à lui que l’ajout d’encadremen­ts et de restrictio­ns ne réglera pas le problème. « Nous sommes très ouverts à entrer en conversati­on avec les apiculteur­s. Ce que nous devons faire, c’est continuer d’informer et de sensibilis­er les agriculteu­rs aux bonnes pratiques culturales », soutient-il. Le directeur général de l’organisati­on, Benoît Legault, assure quant à lui que les agriculteu­rs ont beaucoup réduit l’applicatio­n d’herbicides depuis 10 ans. L’utilisatio­n de néonicotin­oïdes, par exemple, est presque inexistant­e aujourd’hui. Il explique par ailleurs que l’enrobage du grain est systématiq­ue au champ.

Des primes aux cultures favorables aux abeilles

Les Apiculteur­s et apicultric­es du Québec souhaitent par ailleurs que des primes soient offertes par la Financière agricole ou le MAPAQ aux agriculteu­rs qui adoptent des pratiques bénéfiques pour les pollinisat­eurs et qui favorisent la diversité florale au champ. Benoît Legault a répondu que son organisati­on ne s’opposera jamais à des mesures de rémunérati­on de biens et services agroenviro­nnementaux et à un soutien de l’État pour l’améliorati­on des techniques de travail.

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Nicolas Bélanger a perdu 145 ruches sur 600 l’an dernier, en Gaspésie.
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Raphaël Vacher

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