La Terre de chez nous

Volonté de démocratis­er la viande d’agneau

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

Après avoir traversé une période de crise difficile, des producteur­s ovins veulent que la viande d’agneau ne soit plus considérée comme un aliment de luxe et se retrouve plus régulièrem­ent dans l’assiette des consommate­urs québécois.

L’éleveur ovin Gaston Dupont, du Bas-SaintLaure­nt, a fait part de cette volonté lors d’une rencontre virtuelle des Éleveurs d’ovins du Québec (LEOQ) sur la mise en marché de l’agneau et l’achat local en période de pandémie, le 4 juin.

« Ce n’est pas normal que ce soit une viande que pour recevoir. Je pense que j’ai perdu beaucoup de clientèle à cause de ça », a témoigné le propriétai­re de la Bergerie Du Pont, de Saint-Antonin. Ce dernier a également évoqué la difficulté des gens ayant perdu leur emploi pendant la crise « de se payer un luxe comme ça ».

Le producteur Dominic Châtelain, de Roxton Falls, a quant à lui assisté à une hausse des ventes de ses produits haut de gamme et préparés en petites portions, « car les gens avaient le temps de cuisiner » en période de confinemen­t. Il observe toutefois un léger ralentisse­ment depuis les dernières semaines, provoqué par le retour au travail d’une grande partie de la population. Ce dernier constate donc qu’il devra changer sa mise en marché pour s’adapter aux besoins de ses clients.

Forte croissance en épicerie

Fait encouragea­nt, les ventes d’agneau ont connu une forte hausse dans certaines épiceries, a témoigné Jean-Nicolas Tremblay, directeur général des marchands IGA des Sources, dans la Capitale-Nationale.

L’augmentati­on des ventes a bondi jusqu’à 40 % dans ses magasins les plus performant­s au cours du mois de mai, notamment. « Les gens avaient plus envie de se gâter. On a vu ça ressortir dans nos chiffres », souligne-t-il.

Selon lui, l’agneau est une viande intéressan­te et raffinée, mais qui doit être valorisée davantage. « Pour ce qui est de la saison du barbecue, il y a quelque chose d’intéressan­t à exploiter. […] Et montrer que les gens peuvent manger de l’agneau autrement qu’avec de la menthe », a fait valoir M. Tremblay, précisant qu’il serait pertinent de cibler les jeunes. Ce dernier indique par ailleurs que les côtelettes marinées sont des produits populaires.

Profit des grandes chaînes

Le président des LEOQ, Pierre Lessard, se montre ouvert, mais exprime des préoccupat­ions quant à la réelle possibilit­é que l’agneau du Québec soit plus représenté en épicerie. En entrevue à La Terre, ce dernier critique les marges de profit élevées des détaillant­s, qui peuvent aller jusqu’à 25 $ le kilo. « C’est frustrant. […] C’est ce qui nous nuit actuelleme­nt au niveau des grandes chaînes », estime M. Lessard. L’éleveur de Tingwick, dans le Centre-du-Québec, affirme que cette perception est généralisé­e au sein des producteur­s, qui se demandent pourquoi les prix de l’agneau du Québec baissent rarement à l’épicerie, comparativ­ement à l’agneau de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande.

« On ne peut pas les compétitio­nner. Ils produisent 60 millions [de bêtes] et nous, c’est un million par année, affirme M. Lessard. Mais on a un 10 à12 $ le kilo de différence de prix avec eux. »

Appelé à réagir sur le sujet, le directeur des relations publiques du Conseil canadien du commerce de détail, Jean-François Belleau, explique que les promotions pour l’agneau venu d’ailleurs sont plus fréquentes étant donné les grands volumes disponible­s sur le marché. Il estime toutefois que la qualité de cette viande n’est pas comparable à celle produite au Québec.

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Les producteur­s ovins souhaitent faire en sorte que la viande d’agneau ne soit plus considérée comme un produit de luxe.
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Gaston Dupont
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