Répercussions des normes sur les éleveurs porcins
L’instauration de normes dans une production animale comme l’élevage porcin ne se fait pas sans heurts. « À partir du moment où on instaure une norme, cela crée un stress », explique l’agronome Pascal Thériault.
C’est pourquoi ce professeur de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill s’est joint à un projet visant à mieux comprendre la réalité des éleveurs de porcs du Québec. « En agriculture, des règlements sont adoptés pour assurer l’innocuité et la qualité du produit et le respect des normes environnementales, continue-t-il. Nous n’avions toutefois jamais évalué les répercussions sur les éleveurs. »
Une telle étude n’a jamais été réalisée au Québec, confirme Nancy Beauregard, chercheuse principale de l’étude intitulée Éleveurs de porcs en santé et professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal. « Il s’agit du premier portrait global qui s’attarde autant à la santé physique des éleveurs qu’à leur santé psychologique et à leur sécurité en milieu de travail. »
Selon Pascal Thériault, le projet est d’autant plus intéressant que plusieurs institutions d’enseignement y collaborent. Il s’agit d’un bel exemple de recherche pour le bien commun. « Nous sommes neuf chercheurs, souligne Nancy Beauregard. Les Éleveurs de porcs du Québec, comme fédération, ont aussi accueilli très favorablement notre proposition de réfléchir ensemble à ces enjeux. »
La chercheuse a complété une vingtaine d’entrevues avec des éleveurs au printemps 2020. Le deuxième volet, qui se déroulera en 2021, consistera en un sondage dans 400 fermes porcines du Québec.
Outiller les éleveurs
Les normes d’élevage pourraient avoir des répercussions variables d’un éleveur à un autre. Nancy Beauregard insiste donc sur l’importance d’identifier ceux qui croient que ces normes peuvent avoir des effets positifs sur leur quotidien et ceux qui ont plutôt besoin de soutien.
« Notre projet permettra d’individualiser les formations et les communications avec les producteurs », ajoute Pascal Thériault. Par exemple, des messages expliquant les objectifs des normes pourraient être adaptés selon le type d’éleveurs.
« Personne ne remet en doute la qualité de la production agricole au Québec, souligne l’agronome. Assurons-nous toutefois que les producteurs sont en mesure d’appliquer les normes et qu’ils ont les outils pour le faire. »
Le projet pourrait également servir de modèle pour d’autres types de productions puisque certains aspects examinés dans l’étude touchent autant l’élevage animal que les productions végétales. « Bien qu’une partie du projet soit spécifique à l’élevage porcin, nos questionnaires pourront être transposés à d’autres secteurs », confirme Nancy Beauregard.
1 800 fermes porcines au Québec 2 800 éleveurs 25 % d’entre eux ont moins de 40 ans.