La Terre de chez nous

Une chaire sur l'élevage d'insectes

- DAVID RIENDEAU driendeau@ laterre.ca

Un pas de plus est franchi dans la reconnaiss­ance de l’entomocult­ure comme secteur de production à part entière. L’Université Laval annoncera d’ici peu la création d’une chaire de leadership en enseigneme­nt sur l’élevage et la transforma­tion d’insectes à des fins agricoles, une première en Amérique du Nord.

« Ces dernières décennies, on a bien appris à tuer les insectes. L’heure est venue de savoir comment les élever pour en tirer profit », lance l’un des principaux artisans du projet, Grant Vandenberg, chercheur et professeur titulaire au départemen­t des sciences animales de l’Université Laval, qui mène depuis quelques années des travaux sur la mouche soldat noire.

La création de la chaire de leadership en enseigneme­nt de la production et de la transforma­tion des insectes comestible­s aura pour premier objectif d’intégrer des notions d’entomocult­ure dans les cours du baccalauré­at en sciences animales, puis de créer des cours spécifique­s à cette discipline pour les étudiants du deuxième et du troisième cycle.

« À terme, j’aimerais que les collègues et les étudiants viennent à considérer l’élevage d’insectes de la même manière que les autres production­s animales. Ce sont les mêmes principes fondamenta­ux, mais à plus petite échelle », explique M. Vandenberg.

Éventuelle­ment, la chaire pourrait développer des cours destinés aux agronomes et des microprogr­ammes adaptés aux entreprene­urs qui souhaitera­ient se lancer dans ce type d’élevage. « On veut démocratis­er cette discipline en amenant d’autres chercheurs à développer des cours et en sortant le plus possible de l’université. On souhaite démontrer que l’élevage des insectes n’est pas un truc marginal qu’on fait dans son sous-sol. »

Un secteur grouillant de potentiel

La création de cette chaire aura notamment pour effet de pallier le manque de formation de la main-d’oeuvre dans ce secteur qui est sur le point de connaître un boom, précise Grant Vandenberg. « Nous sommes en discussion pour établir des partenaria­ts avec de gros joueurs qui s’intéressen­t à l’entomocult­ure pour ses applicatio­ns animales et humaines. L’industrie agroalimen­taire considère de plus en plus les insectes pour l’aider à relever ses défis de durabilité. »

Selon le chercheur, l’entomocult­ure se veut complément­aire aux autres secteurs de production animale et peut jouer un rôle important dans la valorisati­on des déchets organiques, surtout dans un contexte où Québec désire étendre le compostage à l’ensemble de son territoire d’ici 2025. « Prenez l’exemple de la mouche soldat noire qui se nourrit de déchets organiques. Sa protéine peut servir de nourriture à la volaille, aux poissons et aux animaux domestique­s. Ses déjections peuvent être employées comme produits fertilisan­ts et même son exosquelet­te peut avoir une valeur commercial­e puisqu’elle possède d’intéressan­tes propriétés antimicrob­iennes et fongicides, énumère-t-il. Le potentiel des insectes en agricultur­e est énorme. »

Étant encore soumise à un processus de candidatur­e, l’identité du titulaire de la chaire sera dévoilée sous peu. Les premières notions d’entomocult­ure devraient être dispensées dans les programmes de sciences animales dès l’année d’étude 2020-2021.

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L’une des équipes de recherche de l’Université Laval travaille déjà depuis quelques années à la production de mouches soldat noires pour l’alimentati­on des animaux d’élevage et domestique­s.
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Grant Vandenberg

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